Le 1er SEO Camp Day de Bordeaux a eu lieu le 25 octobre 2014 à l’INSEEC. Durant toute la journée, des spécialistes du référencement web ont échangé sur leurs pratiques professionnelles et surtout sur les dernières évolutions de l’algorithme de Google qui impactent leur travail au quotidien. Un événement organisé de main de maître par Nathalie Couture (Alternat).
Le programme était très riche, avec des conférences pointues données par des experts bordelais sur les nouvelles extensions internet, l’analyse d’audience web, le SEO (Search Engine Optimization) des sites e-commerce, les réseaux sociaux, le pilotage des données SEO, l’histoire de l’analyse web et la stratégie de netlinking. Toute la ménagerie SEO y est passée : le Panda, le Pingouin, le Colibri… Voir le programme complet.
La conférence qui m’a le plus marqué est celle de Loïc Hélias sur la stratégie de netlinking, ou comment créer des liens entrants vers un contenu pour que Google l’estime plus pertinent. Avec les nouvelles versions de Pingouin, c’est devenu un sport de plus en plus risqué. Mieux vaut moins de liens, mais de meilleure qualité, quitte à désavouer ses liens « toxiques » à Google (il y a un formulaire pour ça). Si on crée des liens, il faut le faire très progressivement et toujours se demander si un internaute lambda aurait pu le créer, bref si Google va penser qu’il est bien « naturel ».
De g. à d., Gabrielle Denis, Neil McCarthy, Philippe Yonnet et Benjamin Rosoor. Photo : Philippe Weickmann
Google n’est pas votre lecteur !
J’ai eu l’honneur de participer à la table ronde sur le contenu web, animée par mon confrère Benjamin Rosoor (Webreport), aux côtés de Philippe Yonnet (Search Foresight), fondateur de l’association SEO Camp, et du consultant webmarketing Neil McCarthy (Goodness). Le titre de la table ronde – légèrement provocateur dans une telle assemblée de référenceurs – a bien donné le ton : « Google n’est pas votre lecteur ! »
De quoi avons-nous parlé ? De l’œuf ou de la poule en rédaction web : autrement dit, écrit-on d’abord pour le robot (référencement) ou pour l’internaute (audience) ? De mon point de vue d’ancienne journaliste, il faut bien sûr toujours commencer par rédiger pour ses lecteurs, ou ses cibles pour parler le marketing. Qu’est-ce qui les intéresse ? Quels contenus cherchent-ils ? Pourquoi vont-ils décider de venir sur votre site, d’y rester plus de 2 secondes, de scroller jusqu’en bas de la page, voire de continuer leur navigation sur une autre page ? Bref, c’est d’abord une affaire de ligne éditoriale.
Le référencement vient ensuite. C’est une seconde couche technique qu’on ajoute à la base éditoriale : ai-je bien placé les expressions-clés au bon endroit, nommé correctement les images, rempli les alternatives textuelles, rédigé une méta-description de 150 signes maximum, etc. Améliorer le référencement naturel page par page est un travail de fourmi littéraire, de rédacteur web, pas de technicien. Combien de fois devons-nous re-rédiger toutes les métas-descriptions copiées-collées à la va-vite par un intégrateur pressé, à l’orthographe douteuse…
Référenceurs, rédacteurs, même combat
Pour autant, le dialogue entre les référenceurs et les rédacteurs est essentiel. Les référenceurs ont besoin des rédacteurs pour pondre (encore la poule…) encore et encore de nouveaux contenus chaque semaine pour rassasier le glouton Panda. Les rédacteurs ont besoin des référenceurs pour donner plus de visibilité à leurs contenus. Mais aussi pour mieux comprendre ce que recherchent les lecteurs. Les expressions-clés tapées par les internautes ou suggérées par des outils SEO donnent des tas d’idées de sujets à traiter à qui sait les analyser.
Bon, des fois, on ne se comprend pas très bien. Comme l’a justement fait remarquer Benjamin Rosoor, les référenceurs vous commandent 250 mots quand les rédacteurs rédigent un feuillet. Les uns pensent chiffres, les autres lettres…
Pense bête : 1 feuillet = 1 500 signes = 250 mots
Les dernières évolutions de Google nous sont plutôt favorables, à nous les rédacteurs web. Grâce à Panda et tous ses amis, des budgets d’Adwords se convertissent miraculeusement en production de contenus et en community management pour que des êtres humains créent « naturellement » des liens entrants en partageant des contenus intéressants sur les réseaux sociaux.
Les nouveaux défis des rédacteurs web
J’ai été ravie d’apprendre de la bouche de Philippe Yonnet que la recherche vocale dans Google avait déjà un impact sur la nature des expressions-clés, qui devenaient de plus en plus naturelles, avec des phrases complètes. On ne tape plus « pizzeria bordeaux », mais on demande « OK, Google, trouve-moi une bonne pizzeria près de chez moi ». Une évolution qui, selon lui, renforce encore l’apport des rédacteurs web sur le référencement des sites.
Enfin, nous avons abordé la question des terminaux mobiles. En quoi influencent-ils la nature des contenus ? Déjà que les internautes ont du mal à lire une page jusqu’au bout sur un écran ordinateur, alors comment les retenir sur un mini-écran de smartphone… Rédiger pour une appli ou un site mobile est un exercice de haute voltige pour les rédacteurs web qui doivent être encore plus concis pour faire passer leur message. Il faut être encore plus inventif, plus ergonomique, plus visuel. Penser icono, infographie, vidéo. Le métier tire de plus en plus vers la conception-rédaction publicitaire et la création multimédia.
Les moutons à 5 pattes ont un bel avenir sur le Web ! (Oui, je file la métaphore bestiaire jusqu’au bout.)
Publication by Gabrielle Denis.