D’aussi loin que puisse exister la science et la recherche scientifique, les fraudes scientifiques existent. Certains chercheurs ont fraudés volontairement, pour créer la polémique et appuyer des idée erronées, d’autres à la course au succès ont préféré falsifier quelques résultats. Et ce n’est pas rare, en recherche. Malheureusement.
Aujourd’hui, il est impensable pour une personne extérieure au monde scientifique de connaitre les enjeux d’une renommée scientifique. La renommée internationale bien sûr, mais aussi une carrière professionnelle qui décolle, la popularité, des interviews, la vie de star en quelques sortes… et surtout des enjeux financiers également. Alors, il est facile dans ces conditions d’oublier le fondement premier de la recherche – qui est pour moi de faire passer l’amour de l’Homme et de la science avant l’amour de son Ego – et de vouloir connaitre le succès fulgurant qu’ont connus les plus grands scientifiques comme A. Einstein, M. Curie, Darwin, C. Bernard et j’en passe. Et donc, pour certains, falsifier les résultats de leurs recherches est devenue une option envisageable.
Quand ces falsifications n’entrainent pas un remue ménage dans les médias et la communauté scientifique, ils passent très souvent inaperçus. Et je suis intimement convaincu que chaque laboratoire du monde à déjà eu recours à un petit bidouillage ici ou là, notamment lorsque le chercheur est persuadé du résultat final après une expérience ratée. Le temps, c’est de l’argent. Je n’approuve pas, mais je comprends parfaitement. D’autant que ces expériences peuvent être ensuite revérifiées par un autre laboratoire et qu’en effet, même si les résultats sont inventés, ils restent cohérents avec la réalité. C’est un fait.
Cependant, quand des publications scientifiques ont des répercussions mondialement connues, quand les résultats amènent à des conclusions très dangereuses et hâtives, et parfois réutilisées par des politiques pour en faire leur mot d’ordre (on oubliera pas l’eugénisme et ses dérivés… effroyable utilisation de la science au service du pire de l’Humanité), falsifier les résultats pour mettre en lumière quelque chose d’incroyable est quelque chose de très grave, de très malsain. Quelques publications ont été montrées du doigt comme étant falsifiées, mais combien en reste-t-il encore aujourd’hui dont les recherches – qui parfois n’ont même jamais été menées – dictent nos comportements ?
Mais ce phénomène ne date pas d’hier, ni d’avant-hier, ni encore de la semaine dernière. Il faut remonter au premier soubresaut de la recherche pour trouver le premier cas de falsification…
Johann Gregor Mendel, celui qui a eu l’intuition
Ce fameux monsieur Mendel des années 1800, père des lois Mendel qui régissent la génétique moderne, fait certainement parti de ces premiers falsificateurs de résultats. En effet, Mendel avait décidé d’étudier les lois de la transmission et de l’hérédité en basant ses recherches sur 7 critères physiques décrivant les petits-pois.
Bien que les recherches et les loi de Mendel restent et resteront les principes fondateurs de la génétique actuelle, Mendel a été accusé d’avoir falsifié ses résultats. Ses résultats obtenus lors de la transmissions des gènes étaient trop parfaits ( répartition des gènes des parents vers les enfants : 75% 25%, 50% 50%, 50% 25% 25% etc), surtout selon le faible nombre d’échantillons dans son expérience. D’autant qu’il a été démontré que ces chiffres n’étaient corrects que dans le cas de méioses parfaites, soit quasiment jamais (mélange des allèles, etc). Mais les résultats de Mendel ne sont pas faux : ils donnent une très bonne idée de la distribution allélique dans le cas d’une reproduction classique. Les résultats obtenus depuis lors se rapprochent fortement des conclusions de Mendel, mais ne sont jamais aussi constant et… parfaits.
Mendel a surtout fait preuve d’une grande intuition concernant la répartition allélique. Sachez qu’avant Mendel, nous n’avions aucune connaissance en génétique, et encore moins du fonctionnement de l’hérédité. Je crois même qu’à l’époque, les scientifiques sont persuadés que les spermatozoïdes apportent un bébé déjà formé dans l’ovule, et qu’il grandit tel quel ensuite. Véridique. Alors bravo mec.
Galilée (eh oui)
Considéré comme le père fondateur de la physique classique, notamment par ses nombreuses expériences et travaux de pensées en 1600. C’est aussi le mec qui a dit fuck à la théorie de la géocentricité et prône – à raison – la théorie de l’héliocentricité, pour laquelle il va avoir de nombreux ennuis (pas avec la police mais avec l’autorité religieuse qui rigolait pas à l’époque).
Mais Galilée est surtout aussi connu pour être le fondateur de la méthode scientifique moderne, qui affirme que seule l’expérimentation peut servir d’arbitre à la vérité. Pourtant, lorsque ses pairs ont voulu re-expérimenter ses travaux sur la chute des corps et autre expériences soit-disant empiriques, personne n’arrivait aux mêmes résultats – si parfaits – de Galilée. Certains affirmeront que Galilée ne s’en tenait que très rarement à son idéal de recherche ( « seule l’expérimentation peut servir d’arbitre à la vérité » ) et réalisait surtout à cette époque des exercices de pensées. Cela pourrait peut-être s’expliquer par le fait qu’il perdait la vue.
Aujourd’hui, l’Église ne lui en veut plus.
Claude Ptolémée, le gars qui inventa le plagiat
Claude Ptolémée est seulement connu pour avoir menti et inventer tous ses travaux de recherches sur la position de la Terre au sein de l’Univers. C’est à cause de lui que Galilée, Copernic, Kepler ont tous eu des ennuis. En effet, c’est le père de la théorie du géocentrisme (la Terre au centre de tout) notamment avec son œuvre – l’Almageste - étudiant alors le positionnement des astres, des planètes et du Soleil.
Sa conclusion définitive sur le positionnement de la Terre serait due à des recherches très poussées effectuées dans le désert Égyptien au cours du premier siècle. En fait, ses conclusions sont simplement erronées. Parce que ses résultats d’observation du positionnement des astres, des planètes et du Soleil aussi corrects soient-ils, ne lui appartiennent pas : c’était l’œuvre d’un Grec, Hipparque, dont les recherches ont été réalisées 300 ans auparavant. C’est pour ainsi dire le premier cas de plagiat dans le monde scientifique. D’ailleurs on utilise encore les travaux d’Hipparque en astronomie. Comme quoi.
Ah oui. Il aimait aussi l’astrologie. A défaut de faire de grandes choses.
La post-doctorante dégoutée de pas se retrouver dans les remerciements
Cette histoire de falsification n’en est pas une réellement. C’est l’histoire d’une jeune post-doctorante en stage en 1986 dans le célèbre laboratoire du Massachusetts (Massachusetts Institute of Technology MIT) qui crie partout au scandale. En effet, elle est persuadée que son équipe de direction, constituée de Thereza Imanishi-Kari serait coupable de falsification d’un article scientifique publié dans Cell et co-écrit avec David Baltimore, alors Prix-Nobel de Physiologie pour sa découverte de la transcriptase inverse chez les virus.
Interpellés, les comités de direction du NIH (groupe de laboratoires aux Etats-Unis) ainsi que d’autres enquêtes internes menées au sein du MIT relèvent quelques imperfections mais rien de très alarmant – comme le prétendait cette jeune stagiaire – qui ne justifiait une rétractation de l’article. Cependant, l’affaire est déjà très relayée dans les médias et comble de l’injustice, les hauts dirigeants du pays sont persuadés que Baltimore essayerait d’étouffer l’affaire et couvrir sa collègue Thereza Imanishi-Kari, au détriment de la vie de la jeune post-doctorante, isolée et démunie. L’Office of Research Integrity rouvre le dossier, et fait condamner sans appel en 1991 madame Imanishi-Kari puis une seconde fois en 1994 sans réelles enquêtes supplémentaires. Baltimore est contraint de démissionner.
Il aura fallu que le pays change de majorité politique en 1996 pour que Baltimore et cie soient lavés de toutes les accusations d’inconduites portées contre eux.
Cette affaire montre que la médiatisation et la politisation de la recherche n’apportent rien de bon dans le domaine. La mise en suspens de la carrière de 2 éminents chercheurs, dont le travail fût en suspens pendant presque plus de 10 ans montrent à quel point cela peut devenir dévastateur.
Cependant, nous n’avons plus aucune nouvelle concernant la jeune chercheuse.
Jan Hendrik Schön, le mec qui remet tout le monde scientifique en question
Jan Schön est le type de mec qui en faisant le mal, à finit par faire le bien malgré lui. Jeune doctorant diplômé en physique dans les années 2000 en Allemagne, Schön est considéré comme l’étoile montante du milieux des nanotechnologies et des matières condensées, lui valant un poste dans la célèbre entreprise « Bell Labs » . En 2001, il est connu pour être très productif car il publie un article scientifique tous les 8 jours, dont 8 se retrouveront dans une célèbre revue. La même année, Schön publia un article dans la célèbre revue Nature, dans lequel il affirme avoir fabriqué un transistor moléculaire, ce qui représenterait une énorme avancée dans la recherche en nano-technologie. Il reçoit alors plusieurs distinction scientifiques.
Mais non. C’était sans compter l’intervention de ses pairs scientifiques qui, jaloux de sa notoriété grandissante et de son implication démesurée pour la science, décident de vérifier les recherche de ce fabuleux chercheur. Après de nombreuses plaintes, notamment dues au fait que tous les groupes de recherche ayant entrepris de reproduire les différentes expériences menées par Schön n’arrivent jamais à reproduire les mêmes résultats, Schön est accusé de falsification. « Sans déconner ? » Les scientifiques découvrirent également que les graphiques élaborés selon les données expérimentales de Schön étaient fait réalisés grâce à de simples fonctions mathématiques.
Bell Labs décide de prendre le taureau par les cornes et d’entamer des enquêtes internes à l’encontre de Schön. Et lorsqu’ils lui ont réclamé toutes les données de ses précédents travaux, il affirma avoir tout effacé car le disque dur de son ordinateur n’était pas assez volumineux et n’avait pas conservé ses cahiers de laboratoires. Diantre !
Schön plaida d’abord l’erreur de bonne foi (sur l’ensemble de ses publications) avant de plaider coupable concernant la falsification de ses résultats pour enjoliver ses travaux. Mais Schön est surtout à l’origine d’un vif débat spectaculaire afin de faire la lumière sur le manque de vérifications sur les articles scientifiques avant leurs publications, ainsi que sur l’implication des co-auteurs dans de tels cas, afin d’en améliorer le contenu et d’éliminer les fausses publications . Merci Schön.
Depuis, le doctorat de Schön a été révoqué et il est parti élever les alpagas dans les montagnes péruviennes.
Andrew Wakefield, celui qui n’aimait pas trop l’industrie pharmaceutique
Monsieur Wakefield est un chirurgien britannique qui publie dans Lancet en 1992 une étude très sérieuse mettant en corrélation l’apparition de l’autisme chez 12 enfants suite à la vaccination rougeole-oreillons-rubéole (ROR). En Grande Bretagne, cela a eu des répercussions importantes : une baisse drastique de la vaccination ROR par les autorités sanitaires ainsi qu’une apparition de rougeole dans la population.
Pourtant, aucune autre équipe scientifique n’arrive à mettre en évidence ce que Wakefield ce que lui a réussi à démontrer avec 12 jeunes patients. Mais ce n’est pas le pire en fait. Il s’avère qu’en réalité, et d’après une enquête lointaine et publiée dans un quotidien en 2004 que les enfants ayant reçu la vaccination ROR étaient en réalité déjà diagnostiqués autistes avant de recevoir le produit. Pire encore : un peu plus tard, le journal révéla également que Wakefield avait été acheté par un avocat qui voulait intenter une action judiciaire contre l’entreprise pharmaceutique en charge du développement du vaccin. Tous les résultats de cette étude ont été inventé dans ce but. Enfin, plusieurs scientifiques ont montré du doigt le fait que Wakefield entreprenait de monter une société dont la campagne s’appuyait sur une propagande anti-vaccin…
En 2010, Wakefield est condamné par la justice britannique, lui interdisant la pratique de la chirurgie sur son territoire. Mais le petit diable ne s’est pas avoué vaincu, car parti depuis aux États-Unis, il a repris son activité et intervient très régulièrement dans des congrès anti-vaccination. Encore aujourd’hui, les résultats de ses travaux de l’époque sont encore gravés dans l’esprit collectif des britanniques et le vaccin ROR est boudé.
Aujourd’hui, Wakefield coule des jours heureux dans une villa achetée par les avocats anti-vaccination. Et il n’aura jamais la rougeole.
Watson, ce gars trop vite devenu populaire
On fini ce tour d’horizon des plus belles arnaques scientifiques avec monsieur Watson, plus connu lorsqu’on évoque son comparse, Watson et Crick. Lorsque dans les années 50, les 2 scientifiques découvrent la structure de l’ADN, ils ne sont pas seuls. En réalité, il existe une charmante dame, Rosalind Elsie Franklin, qui réalisa des clichés radiophographiques qui permit de mettre en évidence la structure de l’ADN grâce à la diffraction des rayons X. Clichés sans lesquels Watson n’aurait jamais connu une aussi grande gloire puisque d’autres équipes de recherche étaient également prêtes à faire la même découverte.
Pire, Watson publiera dans ses mémoire que « Rosy » n’était qu’une simple assistante au service d’un autre collègue et qu’elle n’a contribué en rien à la découverte de la fameuse structure.
Aujourd’hui Watson est devenu un scientifique qui connu le succès trop vite et trop jeune, ce qui lui permet de dire tout et n’importe quoi, et d’être pris au sérieux. C’est pourquoi ces nombreuses frasques racistes et ethniques – très bien racontée dans cet article sur Slate - comme celle où il raconte que la génétique à prouvé maintes et maintes fois que les noirs étaient moins intelligents que les blancs – mais c’est faux – restent en travers de la gorge. Chercher à utiliser sa notoriété dans un domaine pour faire passer ses propres messages haineux, c’est moche.
Aujourd’hui, Watson vend son prix Nobel pour 3,5 millions de dollars. Parce que c’est un con. Je m’excuse auprès de monsieur Macé s’il venait à passer par là.