Le chercheur Anna Kagesten de la Johns Hopkins (Baltimore) avec des collègues français de l’Inserm, ont cherché ici à préciser les facteurs, chez les hommes, associés aux grossesses non désirées.
Ils montrent que l’absence de désir lié à ces grossesses est fortement associée à des situations financières précaires, des relations de couple instables, au mésusage ou une mauvaise éducation sur la contraception.
Pour aboutir à ces conclusions, les auteurs ont analysé les données de santé sexuelle et reproductive de l’étude Fecond, menée en France, auprès de 8.675 participants, âgés de 15 à 49 ans, dont 3.373 hommes, par questionnaire téléphonique. Au final, sur 2.997 hommes répondants,
664 signalent 893 grossesses dans les 5 années précédentes.
Les facteurs individuels et contextuels associés au souhait de grossesse et aux grossesses non désirées ont pu ainsi être identifiés par les chercheurs.
· Sur l’ensemble des hommes hétérosexuels actifs, 5% déclarent une grossesse accidentelle au cours des 5 dernières années,
· 20% des grossesses rapportées par les hommes sont qualifiées d’involontaires,
· et 45% de ces grossesses involontaires aboutissent à une IVG
· 68% des grossesses qui succèdent à une grossesse non désirée ne sont pas désirées.
· L’expérience d’une grossesse non désirée est liée à de multiples facteurs,
- l’âge,
- le niveau d’études de la mère,
- l’âge du premier rapport sexuel,
- le nombre de frères et sœurs,
- la méthode de contraception du partenaire,
- le nombre total de partenaires féminins,
- la qualité de la relation avec le partenaire,
- la situation financière et professionnelle au moment de la conception.
Toujours le paradoxe contraception-IVG : La majorité des grossesses non désirées interviennent malgré l’utilisation de contraceptifs,
· dans 58% en raison d’une utilisation irrégulière,
· dans 39% en raison d’un échec (déclaré) de la méthode,
· dans 50% des cas en raison d la croyance (erronée) que le partenaire est sous contraceptif.
Enfin, ces résultats sont très probablement sous-estimés, d’abord parce que le partenaire masculin n’est pas toujours mis au courant et ensuite parce qu’il n’est pas obligatoirement disposer à déclarer une grossesse non désirée. Il est donc primordial, concluent les auteurs, de mieux sensibiliser, impliquer et responsabiliser les hommes dans la « planification familiale » et l’usage de la contraception. « Les grossesses non désirées ne sont pas que l’affaire des femmes ! » insiste Caroline Moreau, chercheuse à l’Inserm.
Sources: Inserm Grossesses non désirées : chez les hommes aussi et Human Reproduction 14 octobre 2014 Unintended pregnancies among men: prevalence and correlates
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