Les Héritiers // De Marie-Castille Mention-Schaar. Avec Ariane Ascaride, Ahmed Drame et Stéphane Bak.
Les Héritiers c’est avant tout une histoire vraie, celle de cette classe du lycée Léon Blum qui a terminé à la première place du concours de la résistance et de la déportation. Une place prestigieuse pour une aventure prodigieuse qui méritait bien un film (et accessoirement le livre dont est adapté l’histoire et qui a donné lieu à Les Héritiers). C’est un film sincère, beau et surtout troublant dans le sens des émotions qu’il dégage. Il y a tellement de choses particulièrement touchantes dans ce film, que cela soit le témoignage de Léon Zyguel qui est probablement l’un des moments forts, ou encore la visite du musée de la résistance et de la déportation, sans parler de la lecture du serment à la fin, du lâché de ballons et bien d’autres choses. Au départ, Les Héritiers débute comme une film de société qui parle de la vie en communauté de plusieurs communautés qui n’ont en apparence rien en commun. Tout le monde traine donc en groupe, en bande et il y a forcément des moments où tout le monde commence à se prendre en grippe, que cela soit pour des histoires de religions ou encore des sujets divers. Le but de Madame Guegen était d’unir sa classe autour d’un seul et même sujet et le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle a réussi à faire quelque chose de bien différent, surtout en changeant le visage de sa classe, vue au premier abord comme une classe sans espoir.
D'après une histoire vraie.
Lycée Léon Blum de Créteil, une prof décide de faire passer un concours national d'Histoire à sa classe de seconde la plus faible. Cette rencontre va les transformer.
Sauf qu’elle a voulu prouver qu’elle avait raison de croire en cette classe qui aurait fait baisser les bras à bon nombre de professeurs (on l’a bien vu avec la remplaçante qui va vivre un enfer lors de son unique cours avec cette classe). Mais Les Héritiers est un film qui gagne des points grâce à ce qu’il dégage. Tout est à base de tolérance. Le but n’est pas de faire un film ostentatoire et le message de Les Héritiers reproduit très bien les cours de Madame Guegen et notamment le fait qu’elle parle du fait que les images n’ont rien d’innocentes. Je pense que Les Héritiers est probablement ce qu’il y a de plus épuré pour justement ne mettre en valeur que le message : le devoir de mémoire. C’est bien plus que cette histoire de classe de tous les horizons, de classe d’un quartier difficile, etc. Quand on regarde Les Héritiers d’un peu plus près, on se rend rapidement compte que tout ce qui tourne autour de la vie de ces personnages n’est pas forcément ce qu’il y a de plus important. C’est souvent là pour justifier tel ou tel problème dans leur comportement (une mère alcoolique qui fait rien de ses journées, un père absent, les signes divers et variés comme la façon de s’habiller, la découverte de la religion). D’ailleurs, la religion a une place assez importante et le film tente de prouver qu’au fond la religion n’a pas besoin d’être ostentatoire pour être vécu.
On le voit très bien avec le personnage de Malik. La scène de sa prière est filmée de façon à ce que l’on ne s’immisce pas dans sa religion et dans sa façon de la pratiquer. C’est quelque chose que j’ai beaucoup aimé, une forme de respect des autres qui est aussi une valeur que le film veut nous transmettre au travers des histoires de notre héroïne. Cela fait plaisir dans cinéma français de voir un tel film. Il s’inscrit dans cette lignée de films de société sortis cette année (Bande de Filles, Les Combattants, Geronimo, etc.). Marie-Castille Mention-Schaer cherche donc à offrir également un regard différent, au delà des clichés, sur une classe d’un lycée difficile de Créteil. Car finalement c’est aussi la preuve que n’importe quelle classe de n’importe quel lycée, même avec les élèves les plus turbulents, peut trouver un moyen de se passionner pour l’école, son apprentissage et quelque chose de bien plus touchant : le devoir de mémoire de la seconde guerre mondiale. Les Héritiers est donc un film divertissant mais aussi très intelligent qui ne se perd jamais dans de lugubres retranchements qui n’auraient alors eu aucune utilité. Inspiré d’une histoire vraie, on a donc ici un film qui devrait être montré dans de nombreuses écoles comme un message d’utilité publique (même si ce serait le transformé en ce qu’il dénonce, le message non innocent).
Note : 9/10. En bref, un film drôle, touchant et intelligent à la fois.