Abyssia

Publié le 05 décembre 2014 par Stéphanie @Sariahlit
" Un être dont on voit le cœur ? "

Zanutto Tiphaine
Ozdamar Diane 
Éditions du Chat noir (2014)
Collection Graphicat
À une époque dominée par les technologies et les industries polluantes, les hommes détruisirent ce qu’il restait de la couche d‘ozone, gage de leur vie sur Terre. Contraints de coloniser un autre monde les abritant du rayonnement solaire meurtrier, ils trouvèrent leur salut dans les profondeurs marines.
Abyssia, cité encerclée par l'étrangeté aquatique, dernier bastion de l'humanité, se heurta à un peuple doué de conscience : les Nouveaux Atlantes.
Lui, presque homme, n'aurait, dans un monde normal, jamais dû ouvrir les yeux.
Il n'en fut pas ainsi.
Elle, si humaine, promise à une vie superlative, fut hélas condamnée à errer dans les abysses.
Comment Ernestine, créatrice funeste, scientifique funambule oscillant entre devoir et moralité, scellera-t-elle son destin et celui de Grim ?
Extrait :
« La jeune biologiste découvrait avec quelle force l'humanité animait cette Lanterne. Elle s'accordait le droit en sa présence, d'avoir des faiblesses, d'ignorer quelque chose, de commettre des erreurs. Elle aimait être auprès de lui. Pourtant, il finit par lui demander la vérité. Rongée par le remords, Ernestine lui confia tout, même son impuissance et ses doutes. »

Mon avis :
Au XXIIIème siècle, il n'y a plus de place pour les hommes sur Terre. La pollution, néfaste et imposante, rend la vie impossible. Les humains décident alors de vivre sous mer, dans un monde artificiel construit sous l'eau. Mais leurs présences éveillent la colère de ses habitants, les Atlantes, des êtres étranges, translucides et luminescents. Ernestine est un jeune chercheuse qui a grandit dans les profondeurs, où la vie ne semble pas aisée. Elle est en quête d'une solution pour rendre la vie plus paisible à ses compagnons, un moyen de récupérer toujours plus de lumière et surtout de les protéger de la colère des Atlantes que les hommes ne cessent de chasser.Aussitôt reçu, aussitôt parcouru. J'ai tout de suite été happée par les couleurs de ce livre. J'ai été subjuguée par le graphisme : on passe autant de temps, si ce n'est plus, à regarder chaque détail des illustrations qu'à lire le récit. Ils se complètent, se renvoient l'intrigue de façon captivante. Les deux peuples doivent cohabiter mais cela semblent impossible. Ernestine paraît être une jeune femme pleine de valeurs et de bonnes intentions. Mais la cupidité va la pousser à les transgresser : ses créations, les Lanternes, sont des êtres mi-homme, mi-robot qui vont être utilisés pour la défense de leur cité. Sans conscience, ils ne sont que des objets interchangeables, sans valeur, qu'on peut jeter sans remords. Pourtant, une partie d'eux reste humaine. « Science sans conscience n'est que ruine de l'âme. » Ernestine va vite comprendre l’étendue de son erreur.Un conte très poignant. Une lecture enrichissante et agréable à parcourir. Les illustrations donnent une pointe d'enchantement et d'évasion dans la lecture. C'est touchant, poétique mais également tragique. Tout est réuni pour en faire un bel ouvrage. Une bonne découverte pour moi.
★★★★☆