Existe-t-il une alternative à la chirurgie en cas de nævus géant ? Une perspective ouverte par cette équipe de l’Inserm qui révèle la responsabilité d’une poignée de cellules aux capacités prolifératives particulières. Les conclusions présentées dans le Journal of Investigative Dermatology laissent entrevoir un médicament capable de bloquer cette prolifération et d’arrêter le développement de ce grain de beauté géant.
Les nævi géants sont des grains de beauté sombres qui surviennent au cours du développement fœtal et qui peuvent s’étendre sur une grande partie du corps. Ce nævus qui peut couvrir plus de la moitié de la surface corporelle de l’Enfant à la naissance, s’étend avec la croissance. Toutes les parties du corps peuvent être touchées, le tronc, le crâne, le visage ou les membres. Son aspect inesthétique est bien évidemment socialement très handicapant. Cette équipe Inserm (Université Pierre et Marie Curie, Centre de recherche Saint-Antoine, Paris) est parvenue à identifier une sous-population de cellules prolifératives présentes dans les nævi géants qui pourraient être associées à leur extension et au risque d’évolution maligne.
Cibler les mutations de NRAS : Le nævus géant se développe le plus souvent suite à l’apparition d’une mutation affectant un gène nommé NRAS. Il peut évoluer en cancer, généralement en mélanome, une tumeur de la peau agressive qui entraine souvent l’apparition de métastases. Le risque est d’environ 2% pour un nævus de diamètre supérieurs à 20 cm à l’âge adulte. Les chercheurs identifient ici une sous-population de cellules issues des nævi géants, porteuses d’une mutation affectant le gène NRAS, capable de se multiplier de façon prolongée en culture. Lorsqu’ils injectent ces cellules à des souris, ils constatent la formation d’une tumeur similaire à un nævus.
L’idée est donc de pouvoir développer des médicaments ciblant ces mutations NRAS ou la chaine de signalisation, afin d’inhiber la prolifération de ces cellules. Des produits bloquant d’autres molécules de la chaine de signalisation NRAS sont déjà en cours de développement, précise le communiqué de l’Inserm, qui peuvent être prometteurs dans le traitement médical du nævus géant.
Source: Communiqué Inserm Le nævus géant mieux connu et J Invest Dermatol 13 octobre 2014 doi: 10.1038/jid.2014.437 Clonogenic cell subpopulations maintain congenital melanocytic nevi (Visuel NIH)