Le temps étant magnifique et propice à une flânerie matinale, j’ai jugé bon de faire un long détour par le Parc André Citroën. L’occasion, bien entendu, de prendre quelques photos de l’exposition dédiée au travail transversal d’André Courrèges. J’y suis allé immédiatement après avoir vu l’affiche le jour précédent, privilégiant l’effet de surprise.
À mon arrivée, les « nouvelles » aires de jeu pour enfants, dont j’ignorais l’existence, m’ont cruellement rappelé que je n’avais pas mis les pieds dans ce parc depuis des années… Mais quelques pas plus loin, à la vue des véhicules créés par Coqueline Courrèges, je compris que ce que je prenais pour une aire de jeu était en fait les sculptures du créateur !
EDIT 2014: La société André Courrèges novatrice, bousculant les codes dans les années 60 est aujourd’hui « en phase avec son temps »… J’ai été sommé via son cabinet d’avocat de supprimer les photos prises lors de cette exposition en « plein air »…
Sculptures ludiques et colorées, André Courrèges cite le peintre néerlandais Piet Mondrian comme une de ses références.
Ci-dessous, « Composition with Red Yellow and Blue », Piet Mondrian, 1927
Séminartiste puis ingénieur des Ponts et chaussées, avant d’apprendre la couture chez Balenciaga, Courrèges à créé dès le début des années 60 un style sportif et futuriste. Il a contribué à l’essor de la mini-jupe et par son élan à su bousculer des institutions comme Yves Saint-Laurent ou Chanel.
André Courrèges qui à bannit le mot « mode » de son vocabulaire se définit volontiers comme un artiste, passionné par l’architecture, qu’il définit ainsi :
« Il n’y a pas d’architecture contemporaine, s’il n’y a pas de trait d’union avec le monde cosmique, c’est-à-dire avec le monde de Dieu. »
Élévation cosmique…
Dynamisme… Le papillon, 1992
Rigueur mathématique…
Cette sculpture très constructiviste, me fait penser à deux sinusoïdes s’entremêlant sans fin ou à un long ruban replié sur lui-même tel un anneau de Moebius. Rien d’étonnant, quand on sait que le couturier est un inconditionnel des sculpteurs du mouvement artistique radical et géométrique Abstraction-Création (parmi lesquels on trouve Naum Gabo, Antoine Pevsner ou Alexander Calder).
Ci-dessous, Calder, Double Gong, 1953
Ci-dessous, collection Printemps-Été, Courrèges-Calstelbajac, 1994
Cette abstraction, ce désir du non-figuratif, se manifestera pleinement dans sa couture aux lignes pures.
Ci-dessous, silhouette Courrèges de 1965, photographiée par Fouli Elia
Modèle « Quatre Cornes », Balenciaga, 1967
La « simplicité » des lignes de Balenciaga imprègneront le jeune Courrèges pendant les dix années qu’il passa chez le Maître.
Suite de l’exposition
Poussin oreilles noires, 1990 (600 kg)
Au premier plan, la souris rose, 1992 (1200 kg)
L’insolent, 1990 (260 kg)
Avis tout à fait personnel, cette dernière sculpture peut nous rappeler certaines réalisations du mouvement artistique Memphis ou encore l’architecture Art-Déco de Miami.
Ci-dessous, Peter Shire, fauteuil Bel Air (1982) – Memphis
Ci-dessous, Ettore Sottsass, 5 totems – Memphis
Ci-dessous, architecture Art-Déco à Miami
Ci-dessous, les images du défilé-événement sur le thème « Tradition et Modernité », qui s’est déroulé à Kyoto au début des années quatre-vingt dix. 1000 invités triés sur le volet pour assister à un défilé défiant les règles du vêtement et projetant celui-ci vers la sculpture, cybernétique et cosmique…
(source l’Officiel, photos Hideo Fugii).
J’avoue ne pas avoir été très sensible à cette exposition, autant je serais ravi de voir plus souvent la silhouette inimitable de Courrèges dans la rue autant ces sculptures m’ont laissées indifférents. Heureusement je m’étais réservé le meilleur pour la fin, les voitures de Coqueline. J’avais eu l’occasion de les voir dans différents ouvrages et il me tardait de voir en vrai ces véhicules d’un monde où l’écologie serait au centre de nos préoccupations.
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Exposition André Courrèges
Parc André Citroën – Paris
du 23 mai 2008 au 8 juin 2008