Soupçonnée de pratiques anticoncurrentielles, l’entreprise est visée par un recours collectif dont le procès s’est ouvert cette semaine à Oakland, en Californie.
Apple aurait-elle abusé de sa position dominante dans le secteur de la musique? C’est du moins l’opinion que partagent les avocats représentant un recours collectif dont l’issue pourrait être évaluée à un milliard de dollars US.
Le jury aura la chance d’entendre la déposition de Steve Jobs, enregistrée en avril 2011.
La poursuite a ainsi révélé au jury des pratiques qui ont eu lieu entre 2007 et 2009. À l’époque, le logiciel iTunes était conçu afin de systématiquement vérifier le contenu d’un iPod lors de sa synchronisation, à la recherche de fichiers musicaux obtenus par le biais de concurrents d’Apple. Aussitôt la présence de fichiers rivaux détectée, iTunes invitait les utilisateurs à réinitialiser leur baladeur, supprimant du même coup le contenu de l’appareil.
Si les pièces musicales achetées via l’iTunes Store pouvaient être récupérées par la suite en synchronisant l’iPod avec la librairie musicale gérée par iTunes, ce n’était pas le cas des chansons obtenues par le biais de services concurrents. Selon l’avocat Patrick Coughlin, Apple a simplement décidé de ne rien dire aux utilisateurs.
Apple ne nie pas les faits
Interrogé à ce sujet, le responsable de la sécurité d’Apple, Augustin Farrugia, a expliqué que cette mesure avait été mise en place pour des raisons de sécurité. «Nous n’avons pas besoin de donner trop d’informations aux utilisateurs», a-t-il dit, soulignant que l’entreprise ne souhaitait pas embrouiller ceux-ci avec des détails trop techniques.
À ses yeux, la suppression automatique du contenus étrangers était conçue pour éviter la prolifération de moyens pour détourner la gestion des droits numériques (les fameux DRM présents autrefois sur les fichiers musicaux). Essentiellement, Apple était «très paranoïaque» selon son témoignage.
Steve Jobs sera appelé à la barre
Le jury aura la chance d’entendre la déposition de l’ex-PDG et cofondateur d’Apple, Steve Jobs, enregistrée en avril 2011, à peine 6 mois avant que l’homme ne succombe à un cancer du pancréas.
Selon la transcription de la vidéo obtenue par CNN, Jobs aurait été plutôt évasif lorsque confronté à une série de courriels à propos de l’exploitation de produits Apple (plus précisément l’iPod) par des services concurrents (notamment Harmony). Dans l’un d’entre eux, Jobs aurait écrit l’analogie suivante :
«Normalement, vous craignez que quelqu’un entre par effraction [dans] votre maison dans le but de voler votre chaîne stéréo. Dans ce cas-ci, il semble que quelqu’un est entré par effraction dans notre maison pour y installer sa propre chaîne stéréo – on est tout de même entré par effraction.»
Lorsque l’avocate Bonny Sweeney a demandé à Jobs s’il se rappelait avoir écrit ces lignes, celui-ci à répondu : «Je ne me souviens pas. On dirait bien que ça pourrait être le cas, selon ce courriel.»