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Prix Rossel 2014 : Hedwige Jeanmart

Par Pmalgachie @pmalgachie
Prix Rossel 2014 : Hedwige Jeanmart Les cinq ouvrages finalistes du Prix Rossel 2014 avaient tous des qualités. Le premier roman d'Hedwige Jeanmart, Blanès, un peu plus que les quatre autres selon le jury qui vient de lui attribuer une récompense dont les derniers lauréats, de 2009 à 2013, avaient été Serge Delaive, Caroline De Mulder, Geneviève Damas, Patrick Declerck et Alain Berenboom. Autant le dire sans barguigner, je pense la même chose que le jury dans son ensemble (quant à ce que chacun, individuellement, aurait préféré, je n'en sais rien). Trois des neuf voix s'étaient quand même, au sixième tour (signe d'une délibération à forte intensité), portées sur un autre premier roman, celui de Jean-Pierre Orban, Vera - dont je vous ai dit déjà tout le bien que je pensais aussi. Il est impressionnant, en effet, ce roman qui raconte une disparition du point de vue de celle qui reste et qui n'a rien vu venir. La narratrice, Eva, et Samuel, son compagnon, sont partis à Blanès, en Catalogne, un dimanche matin - le 11 mars. Samuel a emporté un livre de Roberto Bolaño, Discours de Blanès, au restaurant qu'ils avaient choisi pour le repas de midi. Ils sont rentrés chez eux, à Barcelone.
Samuel me suivait, il est entré et a posé quelque chose sur le comptoir de la cuisine, le livre qu’il avait à la main, après ça il s’est retourné vers moi, il a dû ouvrir la bouche, dire quelque chose que je n’ai pas entendu ou pas compris, il a fait un pas dans ma direction et il est mort.
La puissance de ce "il est mort", qui marque la disparition de Samuel- il n'y a pas de cadavre, Blanès n'est en rien un roman policier -, est étonnante. Car Eva ne parvient pas, ne parviendra pas à envisager cette disparition autrement que comme une mort, une perte subite et définitive. Il y a donc l'avant et l'après. le roman ne nous parle, très vite, que de l'après, pendant lequel Eva revient à Blanès, cherche, se perd, trouve - d'autres choses: les bolanistes en particulier, admirateurs de l'écrivain chilien qui a fini sa vie dans cette ville côtière, dans un jeu de piste très littéraire, que la littérature inspire et rehausse. Une vie à côté de la vie, aussi. C'est comme si l'anecdote n'avait plus guère d'importance et que le personnage central se déplaçait entre les pages d'un livre potentiellement à écrire. Il est écrit, ce livre. Il s'intitule Blanès et il provoque de grandes et belles secousses, à travers une écriture qui chemine et s'insinue dans la vie d'une femme et dans nos têtes. Un beau roman, un beau Prix Rossel.

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