Cinderella, the new Essex girl

Publié le 04 décembre 2014 par Pomdepin @pom2pin

Je vous avais déjà parler des pantomimes, ces spectacles de Noël épouvantables traditionnels l’année dernière (c’est ici).Il s’agit de versions « améliorées » de contes de fées pour y caser un élément quelconque en rapport avec Noël. C’est mimé, chanté, dansant, et épuisant pour les parents. L’histoire n’a qu’un rapport très lointain avec la version originale, à part peut être le titre et encore. Les décors, les costumes et les maquillages sont délirants. Les rôles féminins sont souvent tenus pas des hommes, surtout quand il s’agit des méchants, bouh! Le public est invité à participer bruyamment, le méchant est toujours juste derrière le gentil, un peu dur d’oreille d’ailleurs puisque malgré les hurlements dégénérés de toute la salle, le gentil continue bêtement à demander où est ce petit futé de méchant. Mais enfin, puisqu’on vous dit qu’il est behiiiiiiiind you! Retournez-vous un peu. Quel abruti, ce gentil! Cette année, pour monter d’un cran dans l’horreur la joie, le théâtre de Colchester nous gratifie d’une version locale de Cinderella (Cendrillon), j’en frémis d’avance.


(Ça doit être la celebre scène au festival de la bière, non?)

Figurez-vous que Cinderella vit par un heureux hasard à Colchester, chez la baronne Evilla. C’est une chance qu’elle s’appelle comme ça, on voit de suite que c’est la méchante, imaginez si elle avait été prénommée Nicella, ça aurait prêté à confusion, quel heureux hasard quand même. Cinderella fait le ménage, la cuisine et tout ce genre de chose, faut bien s’occuper. Apparement, ça l’inspire, puisque elle n’arrête pas de pousser la chansonnette en sautillant entre deux lessives. Elle se lance aussi dans des sortes de chorégraphies, mi bourrée auvergnate mi danse de cowboys, entourée d’une foultitude de personnages que je ne me souviens pas d’avoir vu dans le conte original (dont une vache chantante, si). Le Prince de Colchester Castle trouve cela charmant, et décide sur un coup de tête (c’est une image, je ne pense pas que quelqu’un essaie de l’assommer …quoique, ce serait une idée) de se marier avec Cinderella. A mon avis, c’est pas pure pingrerie, pour remplacer le service d’entretien du musée (Colchester castle est un musée).

Voila-t-il pas que les belles sœurs de Cinderella ne font rien qu’à être méchantes et veulent épouser le bellâtre à sa place! Ça donne lieu à une chanson, une farandole et un ennui profond. A partir de là, on sent que le scénariste a complètement pété les plombs. On peut le comprendre, il rêvait de remporter un oscar, et il se retrouve à gribouiller une panto pour Colchester. Le meilleur ami de Cinderella, un certain Buttons doit arranger la chose et se battre contre la baronne, ses filles mais aussi des tas de gens aux noms charmants: Pie Man, qui écrase des tarte à la crème sur le visage de ses ennemis (c’est de l’humour subtil…en même temps c’est tentant, où est l’auteur de ce truc infâme?), Wishee Washee et j’en passe. C’est Perrault qui doit apprécier! Il manquait vraiment d’imagination, il n’avait pas pensé à tout ça.

Après diverses danses et chansons, Buttons gagne, Cinderella et le prince se marient (c’est moi, ou ça fait limite entremetteur?). Pour le féliciter, la fée de Fingrinhoe (un bled local sans aucun intérêt, qu’est qu’une fee irait se perdre là dedans?) donne des ailes à Buttons pour qu’il puisse réaliser son voeux le plus cher : voler (heureusement que ce n’était pas nager). On finit logiquement par we wish you a merry christmas qui ne tombe pas du tout comme un cheveu sur la soupe. C’est du grand art.