La vie de Jeanne d’Arc (Anatole France)
L’enfance 4/4
Un jour elle dit à un habitant de Vaucouleurs : « Ne savez-vous pas qu’il a été prédit que la France, perdue par une femme, serait sauvée par une pucelle des Marches de Lorraine. » et une autre fois : « Avant qu’arrive la mi-carême, il faut que je sois devers le dauphin, dussé-je, pour y aller, user mes jambes jusqu’aux genoux. » ou encore : « Il faut que je sois vers le dauphin car nul au monde, ni roi, ni duc, ni fille du roi d’Ecosse ne peuvent recouvrer le royaume de France. (Le dauphin a cinq ans. Il vient d’être fiancé à la fille du roi d’Ecosse, âgée de trois ans.)
Elle précisait aussi : « Il n’y a secours que de moi…ce n’est pas là mon état mais il faut que j’aille. Et je ferai cela parce que Messire veut que je le fasse. »
Jeanne ne savait pas que ses Voix, c’était le cri de son cœur et qu’elle brûlait de quitter la quenouille pour l’épée.
Jean de Metz lui demanda : « Qui est Messire ? » -C’est Dieu.
-Je vous promets que, Dieu aidant, je vous conduirai vers le roi, répondit de Metz qui ajouta :
Quand voulez-vous partir ? –À cette heure, mieux que demain ; demain mieux qu’après.
De Metz conseilla à Jeanne de s’habiller en garçon. Il y avait trop d’inconvénients à traverser avec une paysanne en robe rouge les chemins de France alors battus par les brigands.
Puis on chercha à savoir si Jeanne n’était pas sous l’influence d’un mauvais esprit.
Le curé, Jean Fournier, vint pour l’exorciser : » Si tu es chose mauvaise, éloigne-toi. Si tu es chose bonne, approche. » Ces paroles traditionnelles devaient faire fuir le diable. Le curé s’attendait, au cas où la Pucelle eût été possédée à la voir s’agiter et chercher à fuir. L’attitude de Jeanne n’offrit rien de suspect. Jean Fournier en conclut qu’il n’y avait point de diable en elle.