Grâce à la superpuissance du réseau informatique Bitcoin, Genecoin veut conserver l’ADN en l’y introduisant après l’avoir séquencé et converti en données numériques.
Inventé dans les années 70, le séquençage de l’ADN est aujourd’hui devenu low-cost par rapport à ce qu’il demandait en temps et en coût il y a encore quelques années. L’ADN étant un ensemble de millions de bases azotées (composants chimiques), le traitement d’un génome humain (ensemble du matériel génétique d’un individu) nécessite une puissance de calcul informatique importante. Au début des années 2000, séquencer un génome complet était évalué à 100 millions de dollars et autour de 10 000 dollars en 2010, soit un coût 100 000 fois moindre. Récemment, l’entreprise Illumina, spécialisée dans le séquençage de l’ADN et classée entreprise la plus "intelligente" au monde par le MIT en 2014, a annoncé qu’elle avait mis au point une machine capable de séquencer un génome humain en 2 jours pour un coût de 1000 dollars.
Unique pour chaque être vivant, le patrimoine génétique commence à susciter l’engouement chez les particuliers qui veulent connaitre ce que "dit" leur ADN et que ces données génétiques soient en sécurité. Genecoin, start-up basée à Boston, répond à leurs attentes en introduisant ces données dans le réseau Bitcoin, réseau décentralisé (peer-to-peer) où les données sont cryptées.
Le réseau Bitcoin comme nouvelle entité de confiance ?
C’est la promesse de Genecoin : assurer la pérennité du patrimoine génétique de chaque individu en l’introduisant dans le réseau Bitcoin. Le seul moyen de conserver ses gênes est aujourd’hui via la transmission de la vie à travers les générations. Pour ce faire, Genecoin envoie un kit permettant de prélever un échantillon de l’ADN du particulier, et celui-ci est ensuite envoyé à des entreprises de biotechnologie spécialisées dans le séquençage de génome. Ces données sont alors téléchargées dans le réseau Bitcoin. Le Bitcoin désigne un réseau peer-to-peer où les personnes peuvent effectuer des transactions directement entre eux, sans avoir à passer par une partie tierce qu’est la banque. Ces données sont sécurisées grâce au principe de cryptographie asymétrique, et toutes les transactions sont enregistrées dans un registre public (appelé blockchain). Le réseau est en constante évolution (de nouveaux "blocs" de transaction sont créés environ toutes les 10 minutes) et Genecoin compte utiliser ce réseau comme un cloud, où les données génétiques des clients pourront être stockées.
Genecoin s’appuie donc sur l’idée que le réseau Bitcoin est là pour durer, et qu’il est un moyen de stocker les données génétiques, qui pourront être publiques, ou aussi cryptées (la start-up travaille actuellement sur cette méthode de cryptographie). Ce téléchargement du génome sur le réseau est donc aussi une forme de décentralisation (comme l’échange de Bitcoin) : cela pourra être perçu comme un certificat de naissance et une preuve "d’existence", sans avoir à passer par une partie tierce qui approuve (l’état civil dans le cadre de la naissance). Genecoin veut donc décentraliser l’identité de chaque individu, et rendre chaque individu "immortel" en misant sur la pérennité du Bitcoin.
La biométrie emmène vers de nouvelles applications
La biométrie (littéralement mesure du vivant) connait une croissance grandissante dans les produits technologiques, notamment pour la sécurité. Et des applications apparaissent tous les jours : déverrouiller son smartphone grâce à son empreinte digitale avec l’Apple ID développer par Apple, ou encore remplacer sa carte d’accès à un bâtiment en s’authentifiant avec son rythme cardiaque grâce à Bionym. En s’attaquant au génome complet, Genecoin va plus loin : l’ADN étant par essence la donnée la plus personnelle de chaque individu, elle pourrait devenir l’objet d’authentification le plus sûr au monde. L’équipe de Genecoin affirme que les personnes disposant d’un compte Genecoin pourront extraire les données relatives à leur génome (approximativement 750 MB) à tout moment grâce à un logiciel fourni. Et si le Bitcoin disparaissait ou était remplacé par une autre monnaie cryptée ? Genecoin assure qu’elle a mis en place une équipe dédiée à la recherche toute forme de technologie s’apparentant à celle de la blockchain.
Plus impressionant encore : l’ADN pourrait être aussi transformé en une monnaie cryptée, révélatrice d’un statut social. Les individus pourraient créer un altcoin (contraction de "alternative" et "bitcoin" désignant donc les autres formes de monnaies cryptées que les bitcoins) à partir de leur ADN, et utiliser celui-ci comme une monnaie cryptée avec un petit réseau de personnes. Plus cette "monnaie" est utilisée, plus le référencement de l’ADN augmente, et donc plus l’ADN est propagée dans le réseau, sur le même modèle que la popularité d’un site Internet grâce au référencement Google. Ce système de référencement serait donc garant de la pérennité d’un génome. Genecoin s’inscrit en définitive dans la tendance de la décentralisation relative à l’ère numérique, se basant sur un postulat semblable à celui de Ethereum.