Il aura été le fils que toutes les mères auront voulu, je joueur de hockey que tous les pères auront voulu être.
Le gendre idéal. L'homme rassurant à tous les niveaux. Le parfait gentleman.
L'un des plus grand ambassadeur de notre sport national.
Le grand-père de Vincent Lecavalier aimait tant Jean Béliveau que son petit-fils en a calqué le style pour lui faire plaisir et a choisi de porter son numéro: le 4.
(Lecavalier joue d'ailleurs Béliveau dans le film Maurice Richard de Charles Binamé).
Né en 1931 à Trois-Rivières, il joue son hockey adolescent à Victoriaville. Il y fait 67 pts puis 75 pts en 42 matchs chaque fois à ses deux saisons à Victo.
Il est grand, talentueux, fort comme un boeuf et représente déjà le parfait garçon bien élevé.
Frank Selke des Canadiens de Montréal, remarque son talent et tente de lui faire signer à 15 ans, un formulaire de type-C de la LNH. Ce type de formulaire oblige le joueur qui l'a signé à se présenter au club qui lui a fait signer à une date précise mais le père de Béliveau veille au grain et refuse. Béliveau signera un contrat de type-B qui l'obligera à joindre les Canadiens si jamais il choisit de jouer dans la LNH mais quand il le voudra bien.
Toutefois Béliveau est une véritable star dans la ville de Québec. Il joue pour les Citadelles de Québec où il fait 80 points en 35 matchs puis 124 en 46 matchs!!!
Il y trouve l'amour du public et l'amour personnel puisque qu'il marie Elise Couture en 1953. La mère de celle-ci possède un magnifique chalet au Lac St-Joseph dont mes parents ont eu la chance d'être propriétaire de 1986 à Décembre 2009. Cet oasis de paix et de bonheur que cet endroit fût pour nous, à 40 minutes de Québec, l'était surement pour lui aussi.
Le bonheur est tel à Québec que l'idée de jouer dans la LNH ne l'excite pas beaucoup. Il a déjà tout ce que l'on pourrait souhaiter.
Il est invité par les Canadiens pour deux matchs en 1951 où il y fait 2 pts ( 1b-1p). Puis pour 3 matchs en 1953 où il y fait 5 buts. Maurice Richard plaide très fort pour que ce talent qui dort à l'autre bout de la 20 vienne rejoindre le grand club de la LNH mais Béliveau sait que les francophones y sont plutôt mal traités (le Rocket le premier) et préfère, à 21 et 22 ans, rester avec les As de Québec dans la nouvelle ligue Sénior, ligue dans laquelle il obtient 83 pts en 59 matchs puis 89 en 57.
Frank Selke est toutefois un fin renard et fait acheter par l'organisation du Canadien la ligue Sénior pro en entier (!), faisant de toutes ses équipes (les 7) leurs clubs-école. Les As de Québec ont été les champions de la ligue en 52 mais perdent en finale en 53. Béliveau choisit l'année suivante de tenter enfin sa chance dans le grand club.
Une star est née, il répond et dépasse toute les attentes.
En 1956, à 25 ans, sa deuxième année dans la LNH, il gagne le trophée du meilleur pointeur de la ligue puis le trophée du joueur le plus utile à son équipe. Il gagne la première de ses dix coupes Stanley cette année-là aussi. Il gagnera les autres en 57, 58, 59, 60, 65, 66, 68, 69 et 71. Il rafle le tout premier trophée du joueur le plus utile en séries éliminatoire en 1965. Il est capitaine de ses 5 dernières coupes Stanley devenant le capitaine ayant soulevé le plus de coupes dans la LNH.
Surnommé "Gros Bill" (déformation de "Gros Beliveau") de par son imposante taille, il développe un style où un de ses longs bras garde la rondelle loin des opposants tout en les gardant hors de portée de l'autre bras. Confiant et parfait gentleman, il est un leader naturel sur et hors glace. Il est respecté par les fans, les coéquipiers et même les adversaires.
Béliveau prend sa retraite au sommet de son sport en gagnant sa dernière coupe en 1971. Il est alors le meilleur pointeur de tous les temps de l'organisation du Canadien, deuxième dans les buts et le meilleur pointeur de toute la ligue en séries éliminatoires. Il a marqué 507 buts et obtenu 712 passes pour un total de 1219 pts en 1125 matchs de saison régulière. Il a aussi 79 buts et 97 passes (176 points) en 162 matchs des séries éliminatoires. Son gilet #4 est retiré l'année de sa retraite ce qui est contraire à l'habituel 3 ans de recul avant de reçevoir un tel honneur.
Seul Guy Lafleur l'a dépassé dans les points depuis et seuls Henri Richard (1256) et Larry Robinson (1202) ont joué plus de matchs que lui dans l'uniforme des Canadiens.
Ayant toutes les qualités du diplomate et de l'ambassadeur Béliveau brille encore hors glace. Il lance une fondation pour aider les enfants dans le besoin La Fondation Jean Béliveau qu'il adjoindra au Society for Disabled Children en 1993.
En 1994 on lui offre un poste de Gouverneur Général qu'il décline préférant rester auprès de sa fille dont le mari vient de se suicider laissant orphelines de père deux jeunes fillettes de 3 et 5 ans.
Il reçoit de multiples honneurs tout comme il éprouve de nombreux problèmes de santé tous sans conséquences majeures.
Il était le capitaine honoraire de l'équipe Canadienne titulaire de la médaille d'or lors des jeux olympiques d'hiver à Vancouver.
Jusqu'à la toute fin de sa vie, il s'est montré extrêmement disponible pour ses fans ne refusant jamais une photo ou un autographe.
Au sens propre comme au sens figuré c'est un grand joueur et un grand homme qui nous quitte.
Un gentleman comme il s'en fait peu.
Il s'éteint discrètement, à 83 ans, hier.