Rendez-vous en terre inconnue au Pérou : la coca no es cocaina !
Publié le 03 décembre 2014 par Montagnessavoie
Avant même que le reportage commence, le ton est donné : France 2 diffuse un message anti-drogue. Sous-entendu : vous allez voir un peuple de drogués, et la drogue, c'est mal. Première question qui me vient à l'esprit : combien de reportages sur le Pérou et la Bolivie ont-ils été diffusés sur d'autres chaînes, sans pour cela que l'on juge nécessaire de placer en introduction ce message de prévention ? Et par conséquent : si les images vantent les mérites de la drogue, alors pourquoi les montrer à une heure de grande écoute ? Tout simplement parce que l'audience avant tout, parce qu'Arthur et parce que business is business.
La drogue, c'est mal. Là n'est pas le sujet. Pourquoi cet avertissement au spectateur ? Parce que dans plusieurs séquences de ce Rendez-vous en terre inconnue au Pérou, on voit les protagonistes quechuas mâcher des feuilles de coca. Or, depuis quand la coca est elle de la cocaïne ? Ce pauvre Frédéric Lopez, croyant rétablir un peu de vérité, n'a fait que s'enfoncer en lisant le petit papier sur lequel on lui avait précisé que 10 kilos de feuilles de coca suffisaient à fabriquer 1 kilo de cocaïne. Sauf que c'est minimum 10 fois plus, mon petit père. Et que tu ne peux pas régler le problème en une minute avec une anti-sèche bâclée. Le mal est fait. Les quechuas sont des drogués, c'est maintenant ancré dans la tête du téléspectateur. Bravo, beau boulot.
D'autres idiots surfent sur cette vague qui consiste à dénigrer la feuille de coca, à la diaboliser. Je viens de trouver un site qui se veut bien sous tous rapports, d'un pseudo laboratoire espagnol qui prétend lutter contre les addictions. Après nous avoir expliqué dans les moindres détails comment on fabrique de la cocaïne et quels sont les produits présents dans cette drogue, ils fustigent la feuille et en mettent plein la tête aux pauvres Boliviens. Je cite :
"Il est nécessaire que la Bolivie revoit sa position, qu'elle s'éloigne des idéologies qui revendiquent un passé précolombien idyllique. La feuille de coca doit être vue comme ce qu'elle est est réalité, avec ses défauts et ses vertus. Il n'y a rien de sacré dans les feuilles de coca, il faut la voir comme une drogue. L'usage légalisé par la tradition des peuples andins entraîne des problèmes de santé parmi la population. La Bolivie ne pourra jamais progresser avec un peuple abruti par les alcaloïdes de cette feuille."
Espèces d'abrutis, va ! Boliviens, peuple de drogués !
Heu... Dites, les Espagnols, si, à la sainte époque des conquistadors bénis de votre Dieu, on avait prononcé des blasphèmes du genre Jésus est un usurpateur et Marie une prostituée, les types qui auraient dit ça, vous les auriez massacrés direct, non ? Ah bon, c'est pas pareil ? Eh bien si, c'est exactement pareil ! Sauf que les populations andines ne sont pas des sauvages et ne font brûler personne sur des bûchers au nom de leur religion. Parce que oui, la feuille de coca est sacrée. Oui, elle est utilisée dans les cérémonies ancestrales. Et oui, elle fait partie des offrandes que l'on offre à la Pachamama, la terre mère, celle que vous piétinez sans même vous en rendre compte. Oui, les mecs : vous avez complètement foiré votre entreprise de christianisation du continent américain. C'est con, hein ?
J'en avais déjà parlé ici, en disant que la "hoja de coca no es cocaina", mais apparemment le sujet est toujours mal interprété. Il y a toujours des imbéciles qui ne comprennent rien à rien et qui, avec leurs grands airs, se permettent de qualifier d'autres peuples d'abrutis. Que ce soit des Espagnols ne m'étonne guère.
La coca a des vertus curatives et elle est sacrée. Je l'affirme et je le réaffirme. Et quiconque se permet de cracher sur mes croyances devrait être aussi sanctionné que celui qui est condamné pour insultes antisémites ou racistes. Et, pour ouvrir le débat : une amie m'a dit avoir lu récemment, sur un magazine scientifique très bien coté, que, pour la maladie dont je souffre, certains médecins envisageraient d'exploiter les vertus calmantes... du cannabis. Pourtant, il s'agit bien d'une drogue, n'est-ce pas ? Alors, encore une fois, pourquoi s'acharner sur la feuille de coca qui, je le répète, n'en est pas une quand, d'ailleurs, ce sont les blancs, les Européens, les Américains, ces gringos méprisants, qui sont les plus gros consommateurs de cocaïne ?
Le président Evo Morales défendant notre feuille de coca à la tribune de l'ONU