J’ai écrit ces deux poèmes il y a environ trois semaines.
Prière de ne pas diffuser ces textes sans mon accord préalable.
Flashes
L’automne soupirait sous nos pas, détrempait nos regards trop aigus, remodelait la boue de nos souvenirs hors d’âge.
Les habitudes ni bonnes ni mauvaises nous tenaient lieu d’épine dorsale.
Nous étions flous, brouillés comme des lunes dans leurs langes.
L’instant présent pouvait durer plusieurs minutes et, dans nos soirs de nostalgie diffuse, il durait même une éternité.
Nous cherchions une continuité. Nous voulions voir dans l’existence un fil à dérouler, à démêler, mais tout n’était que flashes juxtaposés, jusqu’à nos rêves conscients, jusqu’à nos nuits d’amour.
Nos phrases étaient bâties sur des influx fugaces.
Nos pensées relayaient le bas voltage de la matière.
Marie-Anne Bruch
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Courants gris
Nous nous sommes aimés à l’abri des lumières
impérieuses et tenaces qui cisaillaient la ville ;
Nous nous sommes aimés à l’abri du soleil
qui aurait pu ronger nos fragiles baisers
et jeter nos sourires en pâture aux loups blancs.
L’air entre nos deux corps était une souple étoffe
de mousseline grise, plus légère qu’une ombre ;
L’air entre nos deux corps ressemblait aux sous-bois
moussus comme des vagues, incertains comme la neige.
Nous nous sommes aimés à l’abri du vacarme
qui cinglait les volets comme des feux de détresse.
Et nous étions heureux dans l’écrin du silence,
dans la bogue de la nuit.
Et le temps nous couvrait de sa cape immobile.
Marie-Anne Bruch
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