Le futur centre de traitement de déchets d’Echillais, près de Rochefort, inquiète plusieurs associations et lanceurs d’alertes qui réclament la remise à plat du projet.
Incinérateur d’Echillais : vers une consultation de la population ?
Les opposants songent à créer sur place une Zone à Défendre (ZAD) comme viennent de le faire des écologistes qui contestent le projet d’un Center Parcs près de Grenoble.Dans toute l’Europe, les collectivités et organismes en charge de la gestion des déchets ont fait campagne au mois de novembre pour inciter les ménages à réduire le poids de leurs poubelles, grâce au recyclage, au compostage, à la lutte contre le gaspillage alimentaire.
Une opération de sensibilisation qui, en Charente Maritime, n’a fait qu’attiser le rejet du futur centre multifilières de traitement des déchets envisagé à Echillais. « À l’heure des politiques zéro déchet partout en Europe, imaginer ici un super-incinérateur est un choix inutile et anachronique », plaide Géraldine Boulard, présidente de l’association Pays Rochefortais Alert (PRA).
L’inquiétude des producteurs d’huîtres
Le projet est porté par le Syndicat intercommunautaire du littoral (SIL) qui traite les ordures ménagères de 96 communes entre Rochefort, Royan, Marennes et l’île d’Oléron. Tablant sur les besoins croissants d’une population qui décuple l’été dans cette région touristique, le syndicat a confié par appel d’ordre à la société Vinci la réalisation d’un nouveau centre de traitement sur Echillais, dont le coût est évalué à 85 000 euros.Ce centre est dit multifilières car il associe à une usine d’incinération d’une capacité de 75 000 tonnes une unité de tri mécano-biologique (TMB). Les deux techniques sont controversées par une partie de la population.
Les producteurs d’huîtres, notamment, s’inquiètent de potentielles retombées polluantes de l’incinération si près du fleuve Charente qui alimentaire en eau douce le bassin ostréicole Marennes-Oléron.
Les doutes de médecins
À plusieurs reprises depuis l’annonce du projet en 2013, deux à trois mille personnes sont descendues dans la rue, alertées par l’association PRA mais aussi par Nature Environnement 17 ou encore ces 102 médecins du secteur qui ont exprimé leurs doutes par courrier lors de l’enquête publique.« L’incinération des déchets n’a pas fait la preuve à ce jour de son innocuité », estime Paul Delègue, l’un des médecins signataires, « aucune étude n’existe en France depuis la mise en place des nouvelles normes de rejet et les plus anciennes démontrent l’augmentation des cancers autour des usines d’incinération ».
Pas d’augmentation de maladies
À cette absence de données avancée par le groupe de médecins, le président du SIL Vincent Barraud confronte une étude de la faculté de médecine de Genève sur l’environnement d’un incinérateur « nouvelles normes ».Les résultats de ces recherches ne décèlent pas d’augmentation de maladie. L’élu fait aussi valoir les performances du futur équipement sur la récupération de chaleur et la production d’électricité.
« Ce centre, nous en avons besoin ! », martèle Vincent Barraud, « la réduction des déchets est une bonne chose, mais n’oublions pas que l’objectif national vise à peine 7 % en moins. Sur notre secteur, ça ne suffira pas ». La bataille de chiffres entre les deux camps s’exacerbe depuis plusieurs mois.
Les radicaux veulent ériger une ZAD
Le ton est monté d’un cran depuis l’autorisation d’exploiter accordée au projet le 15 octobre dernier par la préfecture de Charente Maritime. « Depuis des mois, nous demandons une remise à plat du dossier et nous ne sommes pas écoutés », déplore Jean Marc Cornut, l’un des piliers de l’association PRA.Outre les recours habituels devant le tribunal administratif (un premier déposé contre le permis de construire a échoué), ces membres les plus radicaux parlent d’ériger une ZAD sur le site d’Echillais, une zone à défendre de type Sivens ou Notre dame des Landes.
« Nous n’en sommes pas encore là », estime Jean-Marc Cornut qui a écrit récemment à Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie. « Faudra-t-il attendre le durcissement du conflit qui oppose des citoyens en colère à des élus le plus souvent méprisants pour que ce projet soit réexaminé ? » questionne le militant.
AGNES MARRONCLE (A La Rochelle)
http://www.la-croix.com/Actualite/France/En-Charente-Maritime-un-projet-d-incinerateur-fortement-conteste-2014-12-02-1273097