Charlie’s Country de Rolf De Heer

Par Emidreamsup @Emidreamsup

Depuis que j’ai découvert la BD Terra Incognita Australis, mon intérêt pour l’histoire australienne n’a cessé d’augmenter. En entendant donc parler du film de Rolf de Heer, Charlie’s Country mettant en scène un aborigène, je me suis dit que c’était pour moi.

Charlie est un aborigène australien qui refuse d’accepter les nouvelles lois imposées par la police blanche. Il souhaite continuer à vivre selon les traditions de ses ancêtres. Loin de la drogue ou de l’alcool que l’homme blanc a amenés sur ses terres, loin de l’envahisseur, Charlie veut préserver un passé qui lui est cher et qui s’étiole.
Le cinéaste australien va alors découper son récit en deux temps.

La première partie du film suit Charlie au sein de sa communauté, tandis que dans la deuxième il évolue dans le monde des blancs entre hôpital et prison. L’acteur fétiche du cinéaste, David Gulpilil, offre à Charlie une humanité à fleur de peau. En deux plans, le spectateur succombe pour ce personnage hors du commun et plein de surprises. Sa malice, son franc parler mais aussi sa naïveté font de lui un être extrêmement touchant que l’on prend plaisir à suivre durant 2h. On voudrait le protéger, l’aider à se battre pour sa liberté. On voudrait rire avec lui, marcher dans le bush à ses côtés.

De Heer, par une direction d’acteur parfaite et un cadrage simple faisant la part belle aux gros plans sur le visage ultra expressif de son héros ou sur les paysages sauvages, amplifie l’idée que Charlie se sent comme un étranger sur sa terre natale. Dépossédé de sa maison par les blancs et voyant ses amis succomber au « plaisir » de l’alcool, on ne peut que comprendre son ressentiment. Malgré des charges assez virulente contre le colonisateur, on ne tombe jamais dans le sentimentalisme ou la leçon de morale. Il oscille entre rire et mélancolie. Et l’émotion du film se dégage avant tout de son personnage. La question de l’identité est au cœur de ce film et la subtilité avec laquelle elle est traitée est un véritable bonheur.

Quand on dit qu’un film ne peut pas se faire sans acteurs, Charlie’s Country illustre cela à la perfection. David Gulpilil est le film et le film est David Gulpilil. Une chose est sûre, il n’a pas volé le prix d’Interprétation que le jury Un Certain regard lui a attribué.

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David Gulpilil a reçu le Prix d’Interprétation Un Certain Regard lors du 67ème Festival de Cannes.