La Rochelle : les anciens ateliers de construction du Gabut vont devenir un lieu culturel

Publié le 03 décembre 2014 par Blanchemanche
#LaRochelle

Le quartier est débarrassé du projet d’hôtel quatre étoiles qui bloque toute initiative depuis vingt-cinq ans. Mais son avenir reste des plus flous


Les décennies passent, les projets se succèdent mais les ruines du Gabut restent. © Photo archives pascal couillaudPublié le 03/12/2014 à 06h00 , par Frédéric Zabalzahttp://www.sudouest.fr/2014/12/03/l-hotel-n-est-plus-demeure-la-frichela-crise-du-gabut-selon-crepeau-1756076-1391.php 
«Le Gabut, c'est de l'or transformé en plomb. » Cinq ans après, le bon mot glissé par un commerçant du quartier (1) n'a rien perdu de sa pertinence. Les ruines des anciens Ateliers de construction rochelaise (ACR), malgré les fresques des graffeurs, salissent toujours le paysage de carte postale du Vieux Port, quand le village scandinave du Gabut, « la plus belle erreur de Crépeau » pour certains, peine toujours à se trouver une âme.
Mais il y a du nouveau. En septembre, le parking gratuit, le dernier en centre-ville, a disparu. Plus une bonne affaire pour le parking Saint-Nicolas que pour les commerçants du Gabut. Ce n'est pas tout : vendredi dernier, la mairie a enterré le projet d'hôtel quatre étoiles, autour duquel gravitent tous les projets du quartier depuis près de vingt-cinq ans.
Constatant que les travaux n'ont toujours pas été engagés après la cession d'un terrain et le permis de construire délivré à la holding Gaillac en 2007, du fait d'un recours engagé par l'Association pour la protection du patrimoine rochelais, Jean-François Fountaine a coupé la tête à l'un des plus vieux serpents de mer de La Rochelle. « La Ville reprend ses droits sur cet espace et aura une très grande liberté pour développer de nouveaux projets », a annoncé le maire.

Un lieu culturel

Ces projets, quels sont-ils ? « Je ne peux pas encore vous dire ce que ce sera, mais ce sera un projet d'intérêt public », indique Ana-Maria Spano, adjointe au maire en charge du secteur historique. Jean-François Fountaine va un peu plus loin. Il ne cache pas son souhait de voir le conservatoire de musique et de danse de la Communauté d'agglomération, qui s'étiole actuellement dans la rue Thiers, s'y installer. Des bruits font aussi état de nouveaux locaux pour la Ville, qui en cherche toujours, depuis l'incendie de l'hôtel de ville, ou encore d'une salle d'exposition. Il ne s'agit, officiellement, que de « pistes » de travail.
« Ce sera un lieu dédié à la vie culturelle, confirme Jean-François Fountaine. Le projet sera débattu au cours des Assises de la culture, en début d'année. En tout cas, il sera défini avant l'été 2015, pour faire du Gabut un espace attractif. Il n'y aura pas d'hôtel ni de bâtiment, mais la friche ne restera pas en l'état », promet le maire, qui doit tenir compte d'un élément nouveau : le Papi (Programme d'actions de prévention contre les inondations).
La tempête Xynthia, en 2010, a montré que le quartier, comme la Ville-en-Bois, n'était pas à l'abri des submersions marines. Depuis la rentrée, une concertation publique, lancée par une opération de communication (les lignes bleues peintes sur les arbres), dévoile le projet d'ouvrage de protection qui reliera la station météo du Bout-Blanc à la place du Commandant-de-la-Motte-Rouge. Talus ou muret ? Rien n'est décidé. Il faudra encore patienter avant de connaître le futur visage du Gabut. « On en a au moins pour trois ans », craint un commerçant du quartier.
« C'est l'un des plus beaux terrains de La Rochelle. Il ne faut pas jouer petit bras là-dessus, on ne va pas mettre une baraque à frites », remarque Christian Ferrand, vendeur de cognac (lire par ailleurs) et porte-parole de l'exaspération des commerçants du Gabut. Autre piste de travail : la Ville envisage de créer sur la place libre une animation autour des métiers de la mer (pêche, ostréiculture, mytiliculture, etc.). Le retour des chalutiers hier dans le Vieux Port aura peut-être donné des idées aux élus.
(1) Jean-Luc Omnes, vendeur de hamacs, dans les colonnes de « Sud Ouest » en 2009.