Albin Michel, 190 pages
Résumé:
Trois femmes échouées sur une île sauvage dont une tour de pierres grises barre tous les chemins. Un gardien qui jamais ne se montre. Elles guettent, sentent et redoutent sa présence. Mais existe-t-il vraiment?
Hormis l'étendue de la mer, les nuages et la brume, elle portent de lourd secrets et n'ont plus que leurs souvenirs, leurs rancunes, leurs désillusions et leur détermination à survivre.
Pour quelle obscure raison le destin les a-t-il jetées sur ce bout de terre isolé, ce monde clos et hors du temps que rien ne semble atteindre?
Mon opinion:
Le gardien du phare est un récit qui sent la mer, les falaises escarpées et fouettées par le vent, l'eau salée. Le roman est rempli de jolies description de la mer, des falaises escarpées. L'auteur fouille l'âme humaine, celle des trois femmes fort différentes, échouées sur une île et celle des habitants de l'île aux Chiens dont elles sont natives. On sent en elles l'espoir de s'en sortir paradoxalement avec l'espoir d'une vie différente, une vie qu'elles méprisent. J'ai aimé cette tristesse latente, ce désespoir qui guette à chaque page, ces portraits de femmes résignées ou battantes, qui veulent se sortir de ce que la vie et l'île ont à leur offrir ou qui acceptent sans dire un mot, mais rêve de changer de vie. Toujours sous fond de vent, d'eau de mer, de marins, de pêcheurs, un cadre pas toujours enchanteur, que j'apprécie particulièrement. Toutefois, malgré ces éléments qui m'attireraient d'emblée, ce roman m'a laissé une impression d'inachevé. La fin est un peu chaotique et de nombreuses questions restent sans réponses. Que s'est-il passé au juste? Le lecteur doit se faire sa propre histoire. Beaucoup plus un roman d'atmosphère qu'un roman qui donne les clés pour découvrir le fin fond de l'histoire. Un livre quand même bien, lu sans mal et plutôt court, mais sans plus.
Un extrait:
"Son monde n'avait pas de limites: bonheurs tactiles, sons, odeurs se mêlaient en gerbes. Le vent, la pluis, les vagues, les arbres et les plantes lui parlaient. Chaque matin, hiver comme été, on ouvrait sa fenêtre. Elle écoutait le temps. Froid, les planches de la maison craquaient, les oiseaux restaient silencieux, l'air était croquant comme une pomme avec des relents de grand large et d'écume, tiède il bruissait de pépiements, caressait les branches qui se prélassaient, résonnait des rires d'enfants, des voix des passants. La brise recréait les objets qu'elle devinait ou palpait, intensifiait leur présence. Son exprit, toujours libéré du corps, s'envolait par la fenêtre, devenait souffle de vent ou gouttes de pluie frappant le toit de la maison, le sol, la mer, les feuilles, les rochers. Chaque ondée levait des bruits différents qui prenaient leur envol en une harmonie parfaite."
p.31
7/10