Si le premier tome revenait sur le passé d’Antoine, c’est cette fois-ci celui de Pierrot qui est mis à l’honneur. En se concentrant sur l’activiste du groupe, l’auteur lève le voile sur la communauté anarchiste du troisième âge « Ni Yeux ni Maître » qui multiplie les attentats gériatriques sur Paris, tout en développant en toile de fond une vieille histoire d’amour qui refait surface.
Les ingrédients qui ont fait le grand succès du premier tome sont à nouveau présents : des dialogues finement ciselés et particulièrement truculents, un enchaînement de situations cocasses qui mettent en avant des seniors qui refusent d’abdiquer et des personnages hauts en couleurs et terriblement attachants. Outre Antoine, Mimile et Pierrot, le lecteur a droit à quelques « nouveaux » personnages… enfin, pas si nouveaux que ça car ils ont tout de même déjà quelques kilomètres au compteur. Je pense notamment à Fanfan, la nonagénaire qui héberge une cellule de contestataires dans sa somptueuse demeure, tout en suivant des cours d’informatique pour devenir hackeuse, mais également à Jean-Chi, l’arme de guerre secrète et malodorante de l’organisation.
Si les répliques des différents protagonistes sont souvent à mourir de rire, l’aspect légèrement caricatural du dessin semi-réaliste de Paul Cauuet contribue également à l’expressivité de ces personnages extrêmement attachants et foncièrement humains. Le dessinateur avait déjà travaillé sur « L’Honneur des Tzarom » avec Wilfrid Lupano et livre une nouvelle fois de l’excellent boulot.
Si le volet précédent était un énorme coup de cœur et que celui-ci reste excellent, il est cependant (inévitablement) un cran en-dessous du premier. La barre était évidemment placée très haute et l’effet de surprise n’est certes plus au rendez-vous, mais il y a également d’autres raisons. Tout d’abord l’impression que, dans l’obligation d’exploiter le filon du premier tome au plus vite, les auteurs n’ont pas autant travaillé l’histoire, se « contentant » de mêler une série de sketchs/gags, dont certains sont parfois un peu poussifs, voire surjoués. Il y a également la manière dont Lupano pointe du doigt les dérives du monde capitaliste et individualiste dans lequel nous vivons qui est moins efficace. Alors que la tirade de Sophie était aussi amusante que pertinente lors du tome précédent, son spectacle de marionnettes écolo-moralisateur manque cette fois totalement de subtilité.
Bref, moins bon que le tome précédent, mais tout de même excellent ! Vivement le tome suivant, qui devrait logiquement s’attaquer au passé de Mimile.
Retrouvez également le premier tome dans la sélection officielle du Festival d’Angoulême 2015.
Ils en parlent également : Mo’, Jérôme, Noukette