Ce beau livre de 635 pages ne doit absolument pas impressionner le jeune lecteur, car il renferme de nombreux passages illustrés racontant l'histoire de Rose, une fillette triste et solitaire, qui voue une admiration sans borne pour l'actrice du muet, Lillian Mayhew. Nous sommes en 1927, à Hoboken. Contre l'avis de son père, Rose n'hésite d'ailleurs pas à se faufiler hors de sa chambre pour assouvir sa passion et se rendre au cinéma.
Son histoire rejoint étrangement celle de Ben, qui se passe dans le Minnesota, en 1977. Le garçon vient de perdre sa mère et vit chez ses cousins, mais une question subsiste : pourquoi rêve-t-il chaque nuit de loups ? Cette interrogation rappelle naturellement celle sur ses origines, car Ben ignore qui est son père. En fouillant les affaires de sa mère, il découvre un début d'indice, une adresse à New York et un numéro de téléphone.
Ce roman nous mène ainsi vers une piste fabuleuse, celle d'un univers mystérieux et ensorcelant, où chaque petit détail va compter et trouver sa place au bout des 635 pages (qui se lisent en moins d'une heure ! promis). C'est aussi la combinaison de deux histoires touchantes, avec des personnages attachants (sans se douter, Rose et Ben ont plusieurs points communs). Leurs deux récits ont le parfum des secrets de famille, des drames et des passions... C'est captivant !
Mais l'auteur excelle dans l'art de la discrétion et la pudeur, en produisant un ouvrage raffiné, où les émotions affleurent sans réellement déborder. C'est en cela une très jolie lecture, assez éblouissante par son esthétisme (illustrations en noir et blanc, étourdissantes de précision et s'enchaînant tel un scénario animé). Elle aborde aussi un thème rare en littérature : la culture des sourds en Amérique. Ce livre n'en est que plus sensible, pertinent et admirable ! Brian Selznick est égalemnt l'auteur de L'invention de Hugo Cabret.
Bayard jeunesse, mars 2012 ♦ traduit par Danièle Laruelle (Wonderstruck)