John Galliano, né le 28 novembre 1960 à Gibraltar, est un créateur britannique de haute couture. Généralement considéré comme un couturier très talentueux, excentrique, turbulent et iconoclaste, connu pour son look de dandy provocateur, il a été durant plus d'une décennie, directeur artistique de Dior.
Son père est un plombier britannique, d'origine italienne ; sa mère est espagnole, amatrice de vêtements et de flamenco. Il a deux sœurs plus âgées, Rosamaria et Immaculada. John Galliano et sa famille s'installent à Battersea en 1966. C'est alors un faubourg pauvre de la banlieue sud de Londres, avec une population très cosmopolite, habité par des familles africaines, asiatiques et indiennes, ce qui sera pour lui une source d'enrichissement culturel.
Il entre en 1981 pour trois ans à la célèbre Central Saint Martins de Londres. Parallèlement, il travaille comme habilleur au National Theatre de Londres. En 1983, son défilé de fin d'études s'inspire de la France révolutionnaire, lui permettant une outrance stylistique qui a marqué les esprits, lui permettant d'obtenir une mention très bien.
En 1984, dès son diplôme obtenu, John lance sa propre griffe. Sa première collection, Afghanistan Repudiates Western Ideals, associe les techniques traditionnelles des tailleurs aux formes et aux tissus orientaux. Il crée ainsi plusieurs collections, à Londres, mais elles obtiennent seulement un succès d'estime, car les industriels, persuadés que ses créations ne peuvent pas être réalisées dans le cadre du prêt-à-porter, ne veulent pas le suivre. Cependant, en 1987, il obtient le prix du Créateur britannique de l'année.
En 1990, il présente sa première collection à Paris. Ses finances sont au plus bas, il reçoit ponctuellement le soutien d'Alaïa. Dans son studio de la Bastille, il commence à avoir quelques clientes prestigieuses qui le font vivre, comme Madonna ou l'une des plus grandes vedettes de la chanson africaine, Papa Wemba, qui le cite dans ses titres.
Grand technicien, perfectionniste, John Galliano a une passion pour le travail du biais. C'est en admirant les robes de Madeleine Vionnet que ce technicien curieux et passionné en est venu à cette technique difficile. L'influence de Poiret se fera également sentir dans ses créations quelques années plus tard, et comme Vivienne Westwood, il fera le lien entre la mode d'autrefois, certaines périodes historiques, et son époque .
Déjà affublé du qualificatif de « génie » qui le suivra toute sa carrière, il est en pleine ascension et Bernard Arnault, qui a pris la tête de LVMH depuis 1987, le nomme, en 1995 chez Givenchy, directeur de la création du Prêt-à-porter et de la Haute-couture puis, en 1996 chez Christian Dior, directeur de la création de la Haute-couture et du Prêt-à-porter féminin, sur les conseils d'Anna Wintour. Il succède à Gianfranco Ferré. Pour l'inauguration de l'exposition des 50 ans de la marque Dior au Metropolitan Museum of Art de New York fin 1996, la princesse Diana porte l'une des toutes premières robes signée par Galliano chez Dior. Remarquée, celle-ci va marquer le début d'un grand bouleversement de la Maison.
En novembre 1999, il devient directeur artistique de l'ensemble des lignes féminines de Dior et prend en charge la responsabilité de l'image globale de la griffe, communication incluse : il contrôle tout et valorise le patrimoine historique de la marque en piochant dans les archives de la maison. En 2001, il ajoute à ses responsabilités celle de l'image des parfums Dior. C'est à cette époque qu'il commence à se transformer en véritable icône de la mode. Il ne veut pas être le fournisseur du tout show-business, mais avoir une relation privilégiée avec seulement quelques célébrités bien choisies capables en devenant des icônes de la mode de propulser Dior au rang de la marque la plus « hype » du monde. Années après années, il bouleverse la Maison détenue par Bernard Arnault, qui commente : « Lorsque je suis arrivé chez Dior, c'étaient les mères qui y amenaient leurs filles ; à présent, c'est l'inverse. »
Les collections, où chaque défilé « extravagant » est présenté comme une histoire, un voyage raconté par le couturier « provocateur », s'enchainent. Pour la collection printemps-été 2000, avec son défilé dit Clochards, il veut rendre un hommage luxueux et romantique « à l'ingéniosité que déploient les déshérités pour se vêtir ». Ce défilé a profondément marqué les annales de la mode : il a créé un style sans équivoque, que l’on va bientôt surnommer « porno-chic » et qui a révolté plus d’une fidèle de la marque...
En 2003, il ouvre sa propre boutique John Galliano, Rue Saint-Honoré à Paris, lance sa collection hommes, puis lingerie, accessoires, enfants… tout en continuant ses activités chez Dior au siège de l'avenue Montaigne. Il reprend en main Baby Dior, la ligne enfants, la rapprochant des collections féminines.
Sa collection printemps-été 2006 est portée lors du défilé par des nains et des géants, des gros et des minces, des jeunes et des vieux, des beaux et des laids. Une lettre manifeste revendiquant « le droit à la mode pour tous » parce que « tout le monde est beau » est posée sur chaque chaise. En avril 2007, Steven Robinson, ami et collaborateur du couturier, meurt, suivi en juillet d'Isabella Blow, rédactrice de mode et amie. Galliano commence alors une lente descente qui atteindra son paroxysme en 2011.
Les défilés haute couture, durant lesquels il réinterprète l'histoire de la mode, continuent pourtant de marquer : collection printemps-été 2007 qui s'inspire de l'opéra Madame Butterfly et du Japon, automne-hiver 2007-2008 pour les 60 ans de la Maison au château de Versailles, automne-hiver 2009-2010, où Galliano retourne aux fondamentaux du couturier Christian Dior des années 1950, allant à l'essentiel et utilisant des tissus habituellement réservés à la lingerie, collection printemps-été 2011 en hommage aux silhouettes de René Gruau…
En une quinzaine d'années, Dior multiplie ses ventes par quatre et le nombre de ses boutiques par dix : « Galliano a réinventé Dior ».
En février 2011, John Galliano est interpellé à Paris, suite à la plainte d'une femme qui accuse le couturier d'avoir proféré des injures antisémites à son encontre à la terrasse d'un café. John, qui avait jusque-là fait l'objet d'un soutien constant de la part de Dior, est suspendu de ses fonctions par l'entreprise en attendant la fin de l'enquête ; Bill Gaytten, son bras droit, assure la transition. Galliano porte plainte en diffamation. Le surlendemain, une seconde femme dépose plainte contre le créateur, pour des faits similaires qui se seraient passés en octobre 2010. The Sun publie ensuite une vidéo, tournée en décembre 2010 où l'on voit Galliano, visiblement dans un état d'ébriété avancée, prendre à partie des personnes à une terrasse de café et s'écrier « J'adore Hitler ! Les gens comme vous devraient être morts ! », ajoutant que la famille de ses interlocuteurs aurait du être « gazée ». En mars 2011, malgré les excuses de John Galliano, l'entreprise Dior annonce qu'elle va engager une procédure de licenciement à l'encontre de son directeur artistique. Les réactions au comportement du couturier sont nombreuses. Au procès, John déclare que son comportement a été causé par son état de détresse personnelle, suite aux décès successifs de son père en 2006 et de son ami Steven Robinson en 2007 ; il précise souffrir d'une « triple addiction » à l'alcool, aux somnifères et au valium. L'avocat du couturier déclare que son client était alors « malade », ses addictions l'ayant réduit à un état d'« abandon total » dans lequel il n'avait plus aucune conscience de ses propos.
Le 8 septembre 2011, John est condamné pour « injures publiques » à 6000 euros d'amende avec sursis. Il ne fait pas appel. À la suite de cette condamnation, John Galliano se voit retirer sa Légion d'honneur. Quelques mois plus tard, il est remplacé chez Dior par Raf Simons.
En janvier 2013, afin d'entamer sa réinsertion dans le milieu de la mode, John Galliano effectue trois semaines de stage chez Oscar de la Renta. En mai 2014, il est nommé directeur artistique de L'Étoile, première chaîne de cosmétiques russe. Le mois suivant, il revient dans Le Point sur sa « descente aux enfers » et sur la logique d'autodestruction qui l'avait conduit à tenir des propos « horribles », en commettant une forme de « suicide professionnel » pour échapper aux pressions. Le couturier dit avoir suivi depuis une thérapie, qui lui a permis de se reconstruire. En septembre de la même année, il accorde une interview à Canal+, au cours de laquelle il réaffirme n'être ni antisémite ni raciste, revendique une complète sobriété depuis une cure de désintoxication, et annonce plusieurs nouveaux projets.
Début octobre 2014, il devient le directeur de la création de Maison Martin Margiela.
D'après Wikipédia