La situation économique française est un peu tendue, mais cela n’empêche pas chaque Français, conscient du problème, de travailler à l’améliorer. Ceci nécessite bien sûr un gouvernement de winners, mais cela passe aussi par des organismes sociaux mus par la rage de donner à tous un service irréprochable à des prix défiant toute concurrence. Et quand on parle de rage, difficile de ne pas évoquer le RSI et l’URSSAF.
Le RSI, pour ceux qui l’ignoreraient encore, est cette nébuleuse d’organismes d’assurance (santé, retraite) issue de la fusion des différentes caisses de protection sociale des chefs d’entreprises, artisans et commerçants. La fusion, qui devait au départ permettre de rationaliser les traitements des cotisations de ces différentes professions, et donc, d’y voir plus clair en ce qui concerne maladie, chômage et retraite, aura finalement abouti à la création d’un gros monstre froid dont les éructations, généralement sous forme d’injonctions diverses au sabir légal douteux, se font tous les jours plus incompréhensibles.
Et utiliser le mot « incompréhensible » pour les productions épistolaires du RSI ne permet pas de relater avec suffisamment d’exactitude la profondeur du marécage putride dans lequel doivent s’enfoncer tous les jours les artisans, les commerçants, les indépendants et les chefs d’entreprises pour tenter de trouver un sens aux borborygmes que l’organisme, jadis dédié au social, émet avec tous les jours plus d’insistance.
Ainsi, les cotisations n’arrêtent pas de grimper. Passons rapidement sur le fait, déjà loufoque en soi, que ces cotisations sont assises sur le revenu et non sur un calcul actuariel que toute assurance mène normalement, pour constater que les montants demandés augmentent quand bien même l’activité et donc le revenu afférent n’augmentent pas.
Ainsi, les rappels de cotisations explosent, sans qu’on comprenne vraiment ce qui justifie ces « ajustements » de dernière minute. Et lorsque le cotisant demande des explications, dans le pire des cas, il ne reçoit absolument aucune réponse, et dans le meilleur, se voit noyé dans des allers-retours postaux ajustant les ajustements, modifiant les modifications pour aboutir à des montants finaux différents mais tous aussi ridicules qu’avant.
En réalité, la grogne contre ces usines à gaz maléfiques monte maintenant depuis plusieurs années avec l’accélération des malversations, des erreurs de calculs, des rappels indus, des persécutions dont sont victimes des individus qui sont pourtant, stricto sensu, des clients de ces assurances dont l’organisation ressemble de plus en plus à une mafia folle. Les témoignages s’accumulent dénonçant un système devenu fou, d’une lourdeur bureaucratique inouïe, d’un coût pharaonique et qui rend un service minable, au point que certains entrepreneurs, artisans ou commerçants expliquent être directement sous le joug d’un racket.
D’ailleurs, il n’est qu’à prendre un exemple parmi mille autres de l’évolution des tarifs de ces cotisations et mettre en face des services (ou plus exactement, leur absence) pour avoir une idée assez précise et effrayante de la dérive catastrophique du RSI : pour la CARPIMKO, on passe en substance d’une cotisation indépendante du revenu de 537€ il y a 20 ans (compte tenu de l’inflation) à un versement mensuel, assis sur les revenus, de plus de 1500€, pour des droits sensiblement équivalents. Joli triplement !
Et si on peut empiler les témoignages outrés d’indépendants, de professions libérales ou de commerçants, on entend malheureusement moins le témoignage, tout aussi révoltant, de tous ces individus qui se sont retrouvés ruinés par les mêmes organismes. Car oui, en France, actuellement, le RSI et l’URSSAF conduisent tous les jours un nombre croissant de personnes à la ruine, à la rue ou au suicide.
Pour des organismes sociaux, dont la raison d’être est, avant tout, d’offrir une protection sociale, le résultat obtenu est assez phénoménal. Non seulement, les cotisations grimpent, non seulement les services rendus sont de plus en plus médiocres, mais cette protection se traduit essentiellement par celle de ses agents et de son propre fonctionnement au détriment de ses assurés que ces abominations collectivistes écrabouillent volontiers dans leur machinerie bureaucratique si cela peut leur éviter la moindre remise en question.
Et cette tendance de fond est corroborée par les statistiques, alarmantes, du nombre de contrôles exercés par l’URSSAF sur les entreprises françaises, en hausse constante, et dont l’issue se traduit de plus en plus souvent par un redressement qui signifie, de plus en plus souvent, une mise en danger directe de l’entreprise par défaut de trésorerie. Le but affiché de ces contrôles est de lutter contre la « fraude », et le but officieux bien compris est de faire rentrer de l’argent dans des caisses difficiles à remplir alors que la crise gagne. En outre, leur multiplication indique tout autant le niveau de soif des organismes sociaux que l’opacité des règlements amphigouriques qui conduisent assez facilement à un redressement.
Au bilan, l’accumulation de ces contrôles, de ces redressements, de ces hausses de cotisations iniques, de cette baisse constante de qualité de service, de cet autisme de plus en plus compact du RSI envers les plaintes qui lui sont adressées provoque un ras-le-bol de plus en plus palpable auprès des assujettis qui s’organisent partout en France pour contester l’avalanche de malversations dont ils sont la victime. Le malaise, déjà palpable les mois et années précédentes alors que la pression fiscale s’accroissait déjà fortement, continue donc d’enfler au sein même du tissu entrepreneurial, celui des TPE et PME qui constituent, on le rappelle, l’essentiel du réservoir d’emploi en France.
Autrement dit, les organismes collectivistes censés protéger la population contre les aléas de la vie fournissent maintenant le ferment le plus réactif de la colère de ceux qui détiennent la clef de la sortie de crise. RSI et URSSAF, loin de faire du social, très loin de protéger et d’assurer les cotisants, les bousculent par nombre toujours plus grand dans la colère, la frustration, et, pire encore, la misère et le chômage, créant par ricochet encore plus de soucis de trésorerie pour eux-mêmes, dans un cercle vicieux dont l’issue, dramatique, pointe déjà à l’horizon.
On voit mal comment tout ceci peut se terminer gentiment.
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