Synopsis : Stephen Bellamy (Raphaël Personnaz) est l'attaché presse du gouverneur Moris pour sa campagne présidentielle. Talentueux et ambitieux, il contrôle les médias à sa guise, notamment à travers Ida Horowicz (Elodie Navarre), journaliste au Times. Cependant, sous le contrôle de Paul Zara (Thierry Frémont), directeur de campagne, et sous la pression de son jeune collègue Ben (Julien Personnaz) qui souhaite lui voler sa place, Stephen va faire des erreurs. Il va alors vite tomber dans les rouages infernaux de la manipulation politique.
Un décor étonnant
© Laurencine Lot
Les Cartes du pouvoir a tout d'une grande production américaine qui en jette dès les premières secondes. Décors mouvants, jeux de lumières, musiques de reprises entrainantes, les comédiens évoluent dans un univers visuel détonnant qui bouge autant que les intrigues internes à l'histoire. D'un coup de baguette de magique, on passe du confort d'un loft américain dominant les grattes-ciels à un discret bar-café cosy. On s'accroche à son siège et on part donc à l'aventure à chaque scène.
Un House of cards au théâtre
L'aventure est également dans les péripéties. Comme la série Les hommes du pouvoir, on se sent dans les arcanes de la vie cachée du politique, entre vices et manipulations. Dans un monde où la communication règne en maitre, le paraitre doit être impeccable. Pour autant, lorsqu'on gratte un peu, c'est un univers de débauche qui apparait. La pièce s'amuse à le relever en évoquant notamment la bataille des faux sondages, les manœuvres pour débaucher l'équipe de campagne adverse ou encore le jeu ambigüe de la jeune stagiaire qui couche avec les hauts patrons. Ces ressorts dramatiques sont de l'apanage du scénariste américain Beau Willimon qui se passionne pour ces sujets. Pour preuve, il écrit actuellement la série House of Cards avec Kevin Spacey dont les thématiques sont très similaires à celles issues de la pièce.
© Laurencine Lot
Une touche frenchie
Hormis quelques longueurs sur la toute fin, la transposition de l’œuvre américaine par Ladislas Chollat s'adapte totalement à un univers théâtrale "à la française". D'une critique sur un système, le metteur en scène marseillais sait apporter sa pâte frenchie en axant sa construction dramatique sur les personnages. Il met en avant les difficultés universelles de ce Stephen, ne sachant plus trouver sa place entre son monde personnel et professionnel.
Révélation de Julien Personnaz
En tête d'affiche, Raphaël Personnaz est sincère et touchant. Acteur montant du cinéma français vu récemment dans Une nouvelle amie (François Ozon) ou prochainement dans L'affaire SK1 (Frédéric Tellier), il s'efface cependant face à la prestance imposante de Thierry Frémont qui lui vole la vedette dans les scènes en duo. Pour autant, derrière ces figures charismatiques, il se cache un atout maître faisant peu de bruit mais qui se révèle infiniment juste et charismatique : Julien Personnaz dans le rôle de l'attaché de presse junior. Avec finesse, il réussit à centrer le spectateur sur lui. À l'instar de son personnage, il semble prêt à évincer les poids lourds comédiens dans ses futures auditions.
Complexe et jubilatoire, Les Cartes du Pouvoir est une pièce qui mérite le détour tant pour sa mise en scène intelligente que par ses interprétations réussies.
Antoine Corte
En savoir plus : - http://theatrehebertot.com/#show16 (Site officiel du Théâtre Hébertot)