Le consentement à l’impôt est un pilier des démocraties représentatives. La majorité des Français interrogés dans le cadre de cette étude ne remettent pas fondamentalement en cause le principe de l’impôt : pour 56 % d’entre eux, payer l’impôt est un devoir citoyen, c’est-à-dire une obligation morale de contribuer financièrement à ce qui fonde le vivre ensemble et garantit la cohésion de la société. Cette vision citoyenne de l’impôt est plus affirmée chez les plus de 55 ans (63 %) que chez les 18-24 ans (45 %), ainsi que parmi les personnes dont le revenu mensuel dépasse 3500 € (71 %).
Mais face à cette majorité, se dresse une forte minorité (37 %) qui perçoit l’impôt purement et simplement comme une extorsion de fonds, chiffre d’autant plus inquiétant qu’il dépasse 50 % dans certaines catégories de la population : ceux qui gagnent moins de 1000€ par mois (56 %), ceux qui ne paient pas l’impôt sur le revenu (50 %), les personnes se déclarant politiquement proches du Front National (61 %). En marge de ces deux perceptions antagonistes de l’impôt, seule une petite minorité (6 %) considère l’impôt comme un geste de solidarité, ce point de vue n’excédant 10 % dans aucune des catégories d’âge, de ressources ou d’appartenance politique. Autres articles
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Il est à souligner qu’aucune catégorie de la population ne se montre majoritairement favorable à laisser les pouvoirs publics choisir l’affectation des impôts. Ce désaveu sévère s’explique par le sentiment que l’argent des impôts n’est pas utilisé à bon escient. Si les Français reconnaissent que cet argent sert avant tout à faire fonctionner le service public (71%), financer des infrastructures (54%) et rembourser la dette (52%), 54% déplorent qu’il serve à entretenir le train de vie des élus. Cette critique se retrouve dans toutes les catégories de la population, y compris chez les sympathisants du PS (41%) et elle est particulièrement forte chez les sympathisants du FN (69%).
Au-delà de ce grief, les Français sont sensiblement moins nombreux à estimer que les impôts servent à aider les citoyens les plus fragiles (39%) ou à aider les entreprises (30%). En d’autres termes, la majorité de nos concitoyens ne perçoit plus l’impôt comme un instrument de solidarité et de développement économique. 84% des Français estiment ainsi que les pouvoirs publics gaspillent l’argent des impôts. Le problème commence dès la collecte des impôts : moins d’un Français sur deux (46%) estime que les pouvoirs publics s’acquittent bien de cette tâche, ce qui revient à pointer du doigt les nombreuses affaires de fraude, d’évasion et d’optimisation fiscales portées à la connaissance du public. Quant à l’utilisation de l’impôt collecté, elle ne satisfait pas non plus les personnes interrogées : seules 16% estiment que l’argent des impôts est bien investi et 14% qu’il est redistribué équitablement.Le manque de confiance dans l’utilisation et la redistribution des impôts versés à l’État s’accompagne du désir des Français d’agir à leur niveau et d’exprimer leur solidarité en investissant dans des projets économiques qui ont du sens pour eux. Ils sont ainsi 56 % à se déclarer prêts à aider financièrement les entreprises qui se trouvent près de chez eux, en prenant des part ou des actions (40 %), en leur prêtant de l’argent (20 %) et même en leur faisant des dons (2%). L’investissement dans le capital séduirait surtout les foyers les plus aisés (55 % des foyers gagnant 3500€ par mois ou plus), tandis que le prêt intéresserait des profils plus variés : 22 % des jeunes de moins de 35 ans, 24 % des cadres, 20 % des ouvriers et 24% des personnes travaillant à leur compte.
« Qu’ils soient aisés ou non, les Français veulent exprimer leur solidarité dans des actes et des projets concrets. Ils cherchent à donner du sens à ce qu’ils font et ce, sur une base locale ou dans une logique communautaire. C’est vrai pour le transport, l’hébergement, l’alimentation, le financement de projets ou d’entreprises. Dans tous ces domaines, des plates-formes collaboratives permettent aujourd’hui de rapprocher ceux qui ont des besoins de ceux qui sont en capacité de répondre tout en garantissant les intérêts de chacun. C’est incontestablement dans ces espaces intermédiés que s’inventent les formes de solidarité d’avenir », conclut Polexandre Joly.