Les Français connaissaient déjà sa bonne bouille, ils peuvent désormais acclamer son nom : la mascotte de l’Euro™ 2016™ de Football™ de la France™ s’appelle Victor™. Un prénom enfin normal mais pas si anodin que ça, qui va permettre à une population jusqu’alors ostracisée de s’approprier le plus grand sport de la planète.
C’est lors d’une grande consultation par internet et sécurisée que les Français ont choisi le nom de celui qui sera le visage mondial du football jusqu’à 2016.
Le choix était cornélien (les alternatives étaient Footix II, un hommage subtil à la gloire de 1998, et Driblou, un nom mignon quoique difficilement prononçable par les supporters du Bar des Sports après la première mi-temps), mais les internautes ont su esquiver les obstacles et ont rendu un verdict hugolien en plein dans la lucarne. Ce sera Victor, Super Victor. Un très beau prénom pour un jeune à mèche.
- Le nom Dribblew tenait bon la rampe chez les bookmakers anglais, qui se souviennent avec émotion du n°23 de 1998.">
Le nom Dribblew tenait bon la rampe chez les bookmakers anglais, qui se souviennent avec émotion du n°23 de 1998.
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Au-delà de la dimension mercatique de l’opération, Super Victor offre une opportunité formidable d’ouvrir grandes les portes du sport le plus populaire du monde à une population défavorisée : les jeunes blancs et propres sur eux.
Ce segment démographique avait jusqu’alors été ignoré, sinon méprisé, par les élites sportives. Il n’est que d’arpenter les abords des stades de banlieue pour s’apercevoir que le jeune à mèche y est sous-représenté, expulsé du beau jeu, exilé vers des courts arides où l’herbe ne pousse même plus et qui font bien plus mal aux genoux en cas de chute.
Il était difficile pour le pouvoir socialiste de maintenir cette ségrégation beaucoup plus longtemps. Malgré les quolibets mais grâce au patrimoine durement acquis par ses ancêtres, le jeune à mèche et à pli de pantalon a en effet réussi ces dernières années à prendre la place qui lui revenait dans la société en fréquentant des quartiers égoïstement accaparés par les classes populaires, voire canailles, et à y imprimer sa marque indélébile : le mojito light à douze euros.
Toléré seulement récemment dans les stades, honteusement cantonné à des tribunes VIP confinées, il peut enfin prétendre à se montrer là où l’herbe est plus verte et jouir de la même estime que ses voisins favorisés d’outre-périphérique.
- Comme la France, le prénom Victor a décliné après l’instauration des 35 heures.">
Comme la France, le prénom Victor a décliné après l’instauration des 35 heures.
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Pour le philosophe Alain Finkielkraut, parrain officiel de la mascotte, l’arrivée du jeune à mèche sur les pelouses révèle une aspiration profonde des Français : le retour aux racines chrétiennes de l’Europe.
« En choisissant un nom qui orne tant d’arcs de triomphe antiques [1], c’est l’héritage pré-invasions barbares de notre continent qui est mis en avant » s’enthousiasme l’Immortel, protégé des frimas par l’écharpe officielle du grand FC Reconquista de la Coupe du Monde de 1492.
« Quand j’écoute un match de l’équipe de France sur mon poste radiophonique, je dois attendre les réclames pour être certain que l’antenne n’a pas été déréglée par un oiseau migrateur. Victor, en revanche, c’est un prénom à la fois ancien et tellement moderne ! C’est le césar, celui qui posait des postes-frontières de l’autre côté de la Méditerranée, bien sûr, mais c’est aussi le XXIe siècle. On se souvient peu que Victor a été l’un des prénoms masculins les plus populaires lors du dernier grand âge d’or de la civilisation française, juste avant l’instauration des 35 heures. Même mon ordonnateur est un Victor ! »
Paré d’atouts aussi prometteurs, Super Victor devrait à n’en pas douter fédérer les jeunes à mèche derrière son éclatante casaque bleu-blanc-rouge et remettre les gonzesses défaitistes suceuses d’imams à leur place.
Notes
[1] Super Victor signifie « le semeur de branlées » en latin.