J'ai retrouvé ceci dans mes affaires. J'ai écrit ça à une date incertaine qui doit se situer entre le mois de novembre 2006 et le mois de février 2007. Vraissemblablement entre les deux feuilles de chimie qui l'entourraient. Je suis incapable de me rappeler ce dont il s'agît et encore moins de comment c'est sensé se terminer. Néanmoins l'ayant relu cette semaine, je l'ai trouvé étrange et je pense que ce texte a quand même sa place ici...
Il y a des couleurs qui tourbillonnent sur un fond noir. Plein de petites bulles de couleurs différentes. Elles tourbillonnent. Comme une pluie de smarties continue dans une chasse d'eau perpétuelle. Sauf que le fond est noir. Pas toujours. Des fois c'est un fond flou. Tout de suite, c'est sombre. Peut-être que c'est la nuit. Ça commence toujours comme ça.
Ensuite il y a un décor qui apparaît. De plus en plus net. Je ne sais pas ce qu'il va se passer et j'ai peur. Ce n'est pas que je n'aime pas la surprise, c'est que j'appréhende les mauvaises surprises. C'est le problème avec les vraies surprises. Ce ne sont pas toujours des cadeaux. J'ai fini par comprendre que dans les cadeaux, il n'y a pas de lion qui se promène.
Je crois que cette fois, la surprise sera bonne. Pas un grognement au loin, pas d'odeur rance qui flotte, pas de tache jaune ou brune dans les parages. Juste un arbre bleu au milieu d'une forêt verte et touffue bien qu'anormalement lumineuse.
Il y a probablement une rivière qui coule pas très loin : je l'entend chuchoter. Il y a aussi des oiseaux. Je les entends chanter. J'aime bien les oiseaux. Ils mangent des insectes et des graines. Ou des rongeurs. Ou des autres oiseaux. Ou des petits animaux. Mais jamais un oiseau ne m'a mangé, ni même n'a essayé. J'aime bien les pandas aussi. Ça dort, c'est calme. Mais je ne pense pas en voir aujourd'hui. Les pandas ne mangent pas des arbres. Ils préfèrent les bambous. Je n'en vois pas.
Bon. Je crois que je peux bouger un peu. L'arbre bleu n'a pas l'air de vouloir tenter quelque action d'aucune sorte. Il n'a pas l'air causant, j'ai envie de parler. Je pars sur la gauche.
Il y a une sorte de chemin, il doit y avoir des habitants quelque part. Les chemins mènent toujours chez quelqu'un.
Je vois une pierre peinte au pied d'un buisson. Elle est orange, cette pierre. Je suis déjà venu ici.
C'est étrange mais je ne m'en souviens pas. Je sais que cette pierre c'est moi qui l'ai déposée, un autre jour.
Je ne me rappelle jamais où je vais, c'est pour ça que je laisse des signes. Au cas où je repasserai par là un autre jour.
Je m'engageait sur le chemin, donc, et au bout d'une trentaine de pas seulement se dressait devant moi une toute petite bête poilue au regard souriant. Elle sautais et sautillait comme un ressort libéré d'une sorte de machine à compression. Une petite boule de poils que je me rappelle avoir un jour appelé "gerbille".
Comme elle avait l'air sympathique, je décidai de l'approcher et de lui serrer la main. Et plus je m'approchais, plus cet animal me paraissait humain. Troublé, j'eu un mouvement de recul. Et j'avais de nouveau devant moi un rongeur. Rassuré, j’avançais de nouveau. Et le rongeur recommença à me sembler humain. Ça m'angoisse. Les humains ne sont pas toujours sympathiques. Ils sont pleins de surprises. Mais il est facile de leur serrer la main. Contrairement aux rongeurs.
L'être souriait comme s'il attendait ma venue avec l'impatience de l'enfant dans une file d'attente au cinéma. Un sourire un peu déformé par la pression de l'attente d'