La vie du Petit Robert.

Publié le 22 mai 2008 par Korpnet
Vie : propriété essentielle des êtres organisés qui évoluent de la naissance à la mort en remplissant des fonctions qui leur sont communes.
-Le Nouveau Petit Robert 2008-
8h00.
C'est l'heure.
Je démarre.
Tout le monde est venu me voir.
Ils sont tous là, à attendre mes premiers cris, mes premiers gestes.
Il y en a même deux ou trois qui s'agîtent au fond de la pièce pour préparer un buffet : les bouteilles sont là, prêtes à être débouchées. Pour l'occasion on a même fait venir des amuses gueules du meilleur traiteur de la ville. Ce qui a dû coûter une fortune, mais ce n'est pas grâve, les payeurs ont mis tous leurs espoirs en moi.
Je sais qu'il y a aussi des journalistes, il y en a toujours en ces occasions.
Mes concepteurs sont là, le visage crispé, entre peur, joie et douleur.
Ce n'est pas mon problème, je suis déjà occupée par ailleurs.
Je commence à agiter mes membres. Je gesticule et prend possession de mes articulations.
Je n'émet aucun son pour le moment, je n'en ressent pas le besoin.
Un homme en blouse s'approche de moi, m'observe sous tous les angles. Ça ne me dérange pas. Après tout, il ne fait que regarder.
Il fait signe à l'assemblée que tout va bien. Il a raison. Tout va bien. En ce qui me concerne, j'entends. Parce que dehors, je le sais, il y en a qui me jalousent.
J'occupe toute l'attention qui leur était portée auparavant, si ce n'est plus. Ils vont bientôt craquet.
Et c'est alors, qu'avec mon cri, libérant de mes entrailles un flux continu de jouets manufacturés, je comprend que je les ai littéralement remplacés.
J'ai volé une partie de leur vie pour obtenir la mienne.