Samedi matin, tout Boulogne semble s’être donné rendez-vous au supermarché, aspirant à se débarrasser de la corvée de courses pour entamer vraiment le week-end.
En balade avec papa, autrement dit aux anges, un petit bonhomme agrippé de sa main potelée au caddie des courses familiales regarde de toutes parts, autant que ses yeux à longs cils le lui permettent, devant la profusion de formes et de couleurs à sa portée.
Son nez retroussé rencontre les genoux empressés des clients, prolongés de lourdes semelles impatientes ou de dangereux talons qui trépignent, n’ayant que faire de ses trois pommes et de ses petits doigts qui risquent à chaque instant d’être pincés.
Une demi-seconde d’inattention a permis à Auguste de s’échapper et, oubliant les recommandations de son papa, de disparaître dans l’embouteillage des paniers.
Auguste a trouvé deux petits fromages identiques, qui tiennent dans ses paumes. Tout fier, il les brandit. Papa, papa ! Un filet de tomates dans une main, un paquet de couches dans l’autre, l’inquiétude d’avoir laissé son fils échapper à sa surveillance dans les yeux, son papa fronce les sourcils et le réprimande. Avec tendresse. Papa poule est un papa cool.
Auguste, tu ne touches à rien. Et tu restes avec papa s’il te plait.
Obéissant, Auguste repose les petits fromages. Les mains libérées, aussitôt, comme un moineau qui sautille, il file vers les fruits et légumes et, le sourire jusqu’aux oreilles, saisit de ses mains pleines de petits doigts un joli avocat bien brillant.