Trois Oboles pour Charon est une réécriture du mythe de Sisyphe. Avant de débuter cette histoire, je ne le connaissais absolument pas. Je ne suis pas très très calée sur la mythologie Grecque :/ Je connais les grands lignes quoi! Mais ce que le résumé nous montre de ce que l'auteur fera de ce mythe m'a intéressée. En plus de ça, je me suis dit que c'était l'occasion d'en découvrir un peu plus. Dans la mythologie Grecque, Sisyphe a défié les Dieux. Il a alors été puni: il devait faire rouler un rocher sur une colline jusqu'à son sommet. Avant qu'il ne l'atteigne, le rocher redescendait, faisant recommencer cette tâche à Sisyphe.
Dans la version de Ferric, Sisyphe doit éternellement revivre la guerre, car il ne peut payer les trois oboles qui permettront à Charon de lui faire traverser le Styx. Il doit alors boire l'eau du Léthé, lui faisant oublier tout de son identité, de son histoire et de sa condamnation. Il arrive donc sur les champs de batailles avec mille questions en tête. Le seul vestige de ses "vies" passées sont les nombreuses cicatrices des différentes morts qu'il vit pendant ces Guerres. D'ailleurs, à force, il doit être une cicatrice ambulante haha... J'ai beaucoup apprécié cette lecture. Elle est originale, bien menée et intelligente. Je ne m'attendais pas spécialement à trouver à fond de mythologie, mais au final, l'auteur m'a fait découvrir certaines choses. Allez allez! J'arrête de faire du blabla :p Les chapitres s'alternent donc, dans cette histoire, entre Sisyphe apparaissant sur un nouveau champ de bataille à des époques différentes et entre son arrivée sur les berges du Styx lors de sa mort. La première chose qui m'a frappée en lisant les premières lignes, c'est le style merveilleux de Franck Ferric. Mais quelle beauté *0* ! Il a un vocabulaire riche et derrière chaque phrase il semble y avoir un travail fou ! C'est un vrai régal, une grande bouffé de plaisir. Je lis souvent de la jeunesse et le style que je viens de découvrir est un gouffre avec ce genre haha! Je ne dis pas que les auteurs de jeunesses écrivent mal, mais bien souvent (selon les tranches d'âges visés) c'est un style peu chargé, simple et accessible. Ici, Ferric joue avec les mots, avec les sons et avec les figures de style. Un style riche et imagé! Ca en devient presque trop facile de visualiser les scènes haha. Bref. Gros coup de coeur sur l'écriture de l'auteur! Mais parfois, cette écriture est venue contribuer à des passages lassants. Comme Sisyphe est destiné à vivre cet enchaînement vie/mort pour l'éternité, le lecteur le vit un peu aussi ! Et au bout de 200 pages, ça devient compliqué d'être autant pendu aux mots de l'auteur qu'au début du roman. On connaît le schéma, donc certains passages ont été un peu creux pour moi. Du coup, là, l'écriture super riche sublime me piquait les yeux et rendait ma lecture difficile. Surtout que, les chapitres sur les batailles sont très TRES long. C'est compliqué de rester concentré du coup! Enfin pour moi. Avec tous ces détails, je réfléchissais tout le temps, et je perdais le fil de ma lecture. En plus de manier les mots avec brio, l'auteur manie aussi sa structure à la perfection. Le début de l'histoire est racontée à la troisième personne du singulier. Et plus on avance, plus ça va en se modifiant. Pareil pour la longueur des chapitres, de très long ils passent presque à court. J'ai eu l'impression, que par ce choix, l'auteur nous rapprochait de Sisyphe. Plus il se rapproche de la vérité sur sa condamnation, plus on se sent proche de lui, proche de son identité. De mon point de vue, ces changements concordent avec l'histoire et cela a rendu le récit plus vivant.
Ce que je trouve bien, c'est que ce livre propose une interprétation propre à chacun. Je pense que l'auteur a voulu faire passer son message dans Trois Oboles pour Charon, mais j'ai surtout ressenti des choses personnelles face à cette histoire. Des réflexions sur la mort, la monotonie de la vie, la stupidité de la guerre qui ne cessera jamais, la transformation de la religion et sa place dans différente époque (mais aussi le mal qu'elle peut causer). Il y a certes des thèmes récurrents et frappants aux yeux de tous, comme l'idiotie de la Guerre éternelle ou la réflexion sur la religion, mais pour ma part, j'ai eu un peu de mal avec la partie sur la mort. Toutes les sévisses que subit Sisyphe, ces morts toutes les plus affreuses les unes des autres... Toute cette souffrance! Pour vous dire, en ce moment il y a beaucoup d'orages chez moi. Un soir, j'avais très envie de lire et j'ai dû commencer un livre Jeunesse parce que, celui-ci m'angoissait trop pour cette nuit orageuse hahaha.. (Ouais bon. Je suis un peu sensible è_é)
Enfin bref! Malgré quelques passages lassants qui traînent en longueur, Trois Oboles pour Charon a été une belle découverte pour moi. Franck Ferric propose un récit original et très bien exploité! Il nous fait voyager dans différentes époques et nous présente l'horreur de la guerre de façon originale. Ce livre marie mythologie et histoire pour créer au final une histoire unique.Un récit très original! Cette interprétation du mythe de Sisyphe m'a passionnée. Je trouve la version de Ferric beaucoup plus glauque que la vraie. Devoir vivre les Guerres pour l'éternité c'est quand même pas mal affreux.
J'ai adoré Sisyphe! Physiquement, on le repère de loin quand même! Et j'ai aimé que l'auteur joue avec cet aspect physique. Le fait qu'il soit immense pourrait laisser présager qu'il va pouvoir s'en sortir, mais ça lui entraîne au final, que des problèmes! De base, c'est quand même positif cette description physique, il est grand, fort et puissant. Et que ça lui crée des problèmes m'a amusée. Ca prend un peu le contre-pied je trouve. Malgré ses crimes, Sisyphe m'a fait de la peine et je me suis attachée à lui.
Charon est aussi un personnage central et récurrent de cette histoire. Il m'a aussi beaucoup plu!
Le principe de revivre les guerres est à la fois passionnant et glauque au plus haut point. Je me suis souvent sentie mal à l'aise pendant ma lecture. Cependant, au fil de la lecture, revivre le même schéma devient un peu lassant et j'ai été beaucoup moins emportée par le récit!