Interview avec Virginie Jocteur, fondatrice d'Optimexpat

Publié le 01 décembre 2014 par Veroniquemp

Virginie Jocteur

Je reprends aujourd’hui mes interviews d’expat entrepreneur. Vous avez sans doute remarqué qu’ils sont beaucoup moins réguliers qu’auparavant. La raison principale est que je souhaite privilégier des parcours d’expat de qualité en fonction des demandes qui me sont faites mais aussi et surtout en fonction de mes envies et de mon souhait de montrer la diversité des expériences possibles. 

Dans le cadre de ces entretiens, je vous propose de rencontrer une femme expatriée, un expat auto-entrepreneur,  et très souvent les deux en même temps afin de mieux comprendre la vie au quotidien en expatriation et au retour de celle-ci (impatriation). Ces interviews démontrent que l’on peut être une conjointe d’expatrié, se réaliser professionnellement et avancer dans sa vie active. 

Ce mois-ci, j’ai rencontré Virginie Jocteur, fondatrice d'Optimexpat, qui propose des services d’accompagnement professionnel aux conjoints d’expatriés.

Expat Forever : D’où êtes-vous originaire ?Viginie Jocteur : Je suis originaire de Normandie, mais j’ai beaucoup déménagé en France avant de me stabiliser dans le Nord.
EF : Où vivez-vous actuellement et depuis combien de temps ? VJ : Suite à notre expatriation, je suis rentrée dans la région Lilloise en juillet 2013. Dans cette région,  j’ai retrouvé mes contacts et ma famille avec un grand plaisir.
EF : Pouvez-vous retracer brièvement votre parcours d’expatriée?VJ : J’ai suivi mon conjoint à l’été 2010 pour une expatriation en Roumanie. Nous avons vécu à Bucarest avec nos enfants pendant trois belles années. Notre choix a été de revenir à la fin de la mission plutôt que de la prolonger comme cela nous a été proposé. Cela n’a pas été facile de prendre cette décision, mais nous ne la regrettons pas.
EF : Dans quel état d’esprit êtes-vous partie en Roumanie et avec quels objectifs ?VJ : J’étais un peu inquiète, car je quittais mon emploi pour devenir « femme au foyer ». J’avais jusque-là toujours travaillé et j’aimais cela ! Mais, j’étais également motivée par cette aventure qui ouvrait selon moi, le champ des possibles et bousculait nos habitudes.J’ai décidé de prendre des cours de langue roumaine, bien que l’anglais soit très parlé à Bucarest, pour mieux comprendre ce pays et sa culture, à défaut de vraiment m’y intégrer à long terme.
EF : Quelles difficultés avez-vous rencontré lors de votre installation en Roumanie ?VJ : Me retrouver face à moi-même. La fameuse courbe de l’expatriation… passée la phase de découverte un peu joyeuse, la perte des repères liés à mon activité professionnelle d’avant a été un peu difficile. Jusqu’à ce que je trouve les ressources en moi, et que je réalise la chance d’avoir du TEMPS ! J’ai compris que le vrai luxe pour moi, était d’avoir enfin la possibilité de respirer et de penser à mon présent… et mon avenir. J’ai alors décidé de construire mon parcours et de profiter de ce temps qui ne m’était pas accessible auparavant.
EF : Souhaitiez-vous travailler en Roumanie ?VJ : En arrivant j’y ai pensé, puis, j’ai renoncé. Peut-être par peur de ne pas être à la hauteur… ou par envie de vivre autre chose pendant cette période de vie.
EF : Vous avez créé en 2014 un projet professionnel nomade qui s’appelle Optimexpat. Comment et pourquoi avez-vous été amenée à développer un tel projet ?VJ : En revenant d’expatriation, j’avais en poche un diplôme Master 2 en Management des Organisations obtenu en juin 2013. Cette formation en e-learning suivie à partir de la Roumanie, m’a permis de faire un stage de six mois en ONG locale. Travailler en milieu interculturel et reprendre mes études, m’a aidé à me réaliser et à me dépasser.Quand j’ai souhaité postuler aux offres d’emploi en France, mon CV était en phase et la période d’expatriation n’y faisait pas un trou de 3 années.Mais… une idée a germé… j’avais envie (ou besoin), de créer ma propre société. Mon expérience professionnelle de 12 ans en accompagnement professionnel (orientation, recherche d’emploi…), et mon expérience de l’expatriation m’ont alors inspiré ce projet qui est devenu une évidence : proposer des services d’accompagnement professionnel pour les conjoints d’expatriés, qui soient accessibles à distance.Il y a un vrai besoin dans ce domaine, sachant que la majorité des conjoints quittent un emploi pour aller vivre à l’étranger, et que cela créé des ruptures voire des changements profonds de parcours.

EF : Quels genres de services proposez-vous et à qui s’adressent-ils ? VJ : Les services que je propose s’adressent aux conjoints d’expatriés qui souhaitent être aidés, pendant ou après l’expatriation, dans leur réflexion sur leur projet professionnel ou sur leurs démarches de recherche d’emploi.L’accompagnement se fait par rendez-vous fréquents sur skype, et également par les échanges de documents partagés, mails, téléphone… la technologie permet d’effacer la distance, et d’être toujours suffisamment en proximité pour faire du sur-mesure.Ma démarche concerne les expatriés qui ont besoin de clarifier leurs projets, grâce à un bilan de compétences. Pour cela, je m’appuie notamment sur l’utilisation du logiciel de bilan Transférence, qui a été développé par l’Université de Laval au Québec, et est utilisé par de nombreux centres de formation et cabinets conseils en France.Elle concerne également les personnes qui vont revenir en France d’ici quelques mois et qui souhaitent anticiper leur retour en préparant leurs outils et méthodes de recherche d’emploi, en fonction du métier et du lieu du retour, préparer les entretiens futurs et surtout valoriser les compétences acquises durant l’expatriation.J’accompagne aussi les personnes revenues d’expatriation, qui souhaitent être aidées dans la définition d’un projet et dans leur recherche d’emploi. Actuellement, j’accompagne des personnes qui sont revenues en province et ne trouvent pas forcément d’interlocuteur adapté dans leur région. Savoir valoriser la période de vie à l’étranger et aider les personnes à bien se positionner et se valoriser, font partie des atouts des outils que j’ai développé. 

Mes objectifs sont :
  • de permettre aux conjoints d’expatriés de faire des choix de métiers qui les motivent, être plus sûrs d’eux et plus performants dans leurs démarches.
  • de faire évoluer les pratiques de mobilité internationale des entreprises, en améliorant la prise en compte des conjoints.

Les financements de ces services peuvent se faire par les entreprises qui expatrient les familles (dans le cadre des packages conjoints), et également à titre personnel par les particuliers.
EF : D’un point de vue personnel mais aussi professionnel, quels avantages trouvez-vous dans la réalisation d’un tel projet ?VJ : D’un point de vue personnel, m’investir dans cette activité me donne la possibilité de développer un projet qui est une rencontre entre mon expérience professionnelle et personnelle. Je comprends  les besoins et problématiques rencontrées par les personnes que j’accompagne, et leur propose des solutions professionnelles adaptées. Aider mes clientes à faire émerger des projets qui leur tiennent à cœur, à reprendre confiance et à retrouver un emploi est très motivant et épanouissant. Professionnellement, j’ai énormément appris de cette création d’entreprise. Il y a une vraie nécessité à être polyvalent et capable de décisions. J’ai ainsi développé des compétences dans des domaines très variés tels que la communication, le commercial, la gestion… j’ai aussi appris à organiser mon travail sans avoir de cadres fixes tels que des horaires de bureau.
EF: Que conseillerez-vous à d’autres femmes qui s’apprêtent à suivre leur conjoint à l’étranger pour la première fois ?VJ : Chaque situation est différente, mais le premier conseil que je donnerai à quelqu’un qui s’apprête à partir, c’est de communiquer avec son conjoint. C’est important que cette expatriation soit bien un choix des deux époux, elle implique des tels changements que le dialogue et la compréhension sont primordiales, pour que chacun s’épanouisse et trouve sa place.Le second conseil, serait de préparer l’expatriation afin de ne pas être trop atteinte par le fameux choc culturel une fois sur place. Quant au retour en France, je conseille aussi de l’anticiper.
EF: Quels conseils donneriez-vous à d’autres conjoints accompagnateurs souhaitant développer ou poursuivre une activité professionnelle nomade ?VJ : Avoir une activité nomade signifie bien souvent développer son propre business, qui nous suit partout où l’on va. Je leur conseille de se faire accompagner dans cette démarche, car seul on peut vite être dépassé. Du contact et du dialogue avec d’autres professionnels, naissent bien souvent de bonnes idées et les bons conseils.Il faut aussi se sentir capable de travailler seul. Rares sont les activités nomades qui permettent d’avoir des collègues.
EF : Vous avez créé votre entreprise à votre retour en France. Aujourd’hui, compte tenu de votre expérience, seriez-vous prête à repartir à l’étranger si l’occasion se présentait  à nouveau ?VJ : Pour le moment notre choix de revenir en France nous convient. L’expatriation nous a nourris et changés, nous ne vivons plus les choses de la même façon qu’avant. Je crois que cela nous a permis de relativiser les tracas quotidiens et donné envie de redécouvrir notre pays et notre culture avec ce regard neuf. Mais, à terme, si une opportunité de vivre à l’étranger se présente nous serons contents de repartir à l’aventure.
Merci Virginie et bonne continuation. 

Vous pouvez aussi suivre Virginie sur la page Facebook Pro d'Optimexpat


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