Claire Malroux a fait, hier soir, part à Poezibao de la disparition, ce 29 novembre 2014, du poète américain Mark Strand.
Trois ans après la parution de Dark Harbor, en 1993, Mark Strand m’écrivit pour me demander, sur les conseils de son ami Charles Simic, si je voulais bien traduire ce livre.
Voici qu’il a rejoint ce « port sombre » qui l’a hanté toute sa vie. En guise d’hommage et avec le regret personnel de n’avoir pu donner suite à sa proposition, l’heure est venue de reprendre l’adieu par quoi débute avec insistance, comme autant de coups assenés, le poème XVI de ce recueil :
« C’est vrai, comme quelqu’un l’a dit, que dans un monde
D’où le ciel est absent, tout est adieu.
Que l’on agite ou non sa main,
C’est adieu, et si les yeux ne se mouillent pas,
C’est adieu quand même, et si l’on fait mine de ne rien voir,
Détestant ce qui se passe, c’est malgré tout adieu.
Adieu, qu’on le veuille ou non…. »
Le poème se clôt sur une note entre résignation et espoir :
« La fin
Sans cesse se joue et se rejoue. Et nous le sentons
Dans les séductions du sommeil, la lune pulpeuse,
Le vin qui dans le verre attend. »
(en) Mark Strand
[Claire Malroux]