Parler du sida ce n’est pas seulement parler d’une maladie qui touche plus de 2 millions de personnes par an, de cette épée de Damoclès qui demeure au quotidien au-dessus de la tête de 35 millions de malades, c’est parler d’une société, de ses valeurs, de son A.D.N.
Lutter contre le sida, c’est penser l’individu, ses pratiques, ses prises de risques, les effets de la maladie, lui apporter soutien et information, lui mettre à disposition des outils de prévention mais c’est aussi s’interroger et agir sur le contexte, le collectif, la Cité, ses lois, ses rites et ses symboles. Ces deux pans de la lutte sont complémentaires et tout aussi important l’un que l’autre.
Plus qu’aucune autre maladie, le sida est une maladie sociale. Une maladie qui précarise et qui discrimine. Ce constat, il peut être fait par tous et il est fait par tous. Prenons l’exemple de la France où les dernières enquêtes indiquent que 30 % des personnes séropositives sont, je cite l’enquête Vespa 2, « pauvres en conditions de vie » et que 23 % d’entre elles éprouvent des difficultés à faire face aux dépenses de la vie quotidienne. Près de la moitié des personnes séropositives ont également subi une discrimination que ce soit dans leur vie privée comme professionnelle. Derrière ces chiffres aussi éloquents que froids qu’on peut lancer tels quels, il y a, sachons ne jamais l’oublier, des vies et des souffrances.
Les pouvoirs publics devraient donc, en toute logique, si jamais la logique est bien de lutter contre le VIH/sida, mettre en place un cadre sociétal favorisant la dicibilité de la maladie et surtout, globalement, favorisant le respect et la promotion des droits humains. Mais alors comment expliquer cette capacité de certains gouvernements à s’obstiner à penser que la répression et la politique de la haine sont une solution au sida ? Inepties coupables. Politiques criminelles. Bien souvent ces politiques de haine s’appliquent en direction des « populations clés », c’est-à-dire des groupes de population les plus à risques de contracter le virus mais également des populations considérées comme clés car partenaires prioritaires dans la réponse au VIH/sida. Ces populations, ce sont les mêmes partout dans le monde: personnes incarcérées, transgenres, travailleur(se)s du sexe, HSH, usagers de drogues injectables …. Faut-il rappeler que près de 50% des nouvelles contaminations au VIH se produisent au sein de ces populations ? Alors pourquoi certains gouvernements, en dépit de toutes les études internationales dénonçant de telles mesures, pénalise l’homosexualité, l’usage simple de drogues ou le travail du sexe ? Ce faisant, ces gouvernements ne parviennent qu’à renforcer l’épidémie !
Toutes ces revendications, elles sont portées par des milliers d’associations à travers le monde et elles seront portées encore plus fortement dans quelques jours, lors du 1er décembre, Journée mondiale de lutte contre le sida depuis 1988. Toujours un moment très fort de la lutte contre le sida au niveau international.
Chère lecteur, chère lectrice, peut-être vous sentez vous concerné(e) mais vous ne savez pas quoi faire pour ce 1er décembre, pour cette Journée mondiale de lutte contre le sida. Permettez-moi cette proposition en forme de conseil : mettez un ruban rouge symbole international de la lutte contre le sida ! En fait, prenez en deux, comme c’était toujours le cas au début : un pour soi, un à offrir. Le ruban rouge comme un hommage aux disparus, à nos morts, à nos amours et nos amis. Le ruban rouge comme un symbole de soutien aux personnes séropositives, en particulier à tous les malades qui ne peuvent pas dire leur séropositivité par peur du rejet et de la stigmatisation. Le ruban comme un cri de colère contre les gouvernements qui pensent que fermer les frontières aux séropositifs est la solution, un cri d’espoir pour un monde sans sida, d’une société où la séropositivité ne serait pas synonyme d’exclusion. Comme chaque jour, et encore plus pour cette Journée mondiale de lutte contre le sida, je porterai ce symbole avec fierté. Et vous ?
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