Nous fêtons aujourd’hui le quatrième anniversaire de la signature du contrat programme vision 2020 et force est de constater, que les engagements pris tant par le secteur public que le secteur privé, tardent à être mis en œuvre. Ce retard ne peut pas être imputé uniquement aux événements qui ont suivi sa signature, notamment la situation géopolitique qui a prévalu dans la région avec le printemps arabe, ni aux priorités du gouvernement pour un équilibre et une paix sociale, ni surtout pas à un manque d’implication des professionnels. Il faut chercher les causes dans l’ampleur de la tache à accomplir, la multiplicité des chantiers à piloter et surtout le manque de moyens autant humains que financiers.
Dans un précédent post, je me posais la question «Le tourisme ferait il figure de mauvais élève? » face à d’autres secteurs, notamment l’Agriculture et l’Industrie. Tout acteur du tourisme public ou privé doit se poser cette question légitime, car après avoir été précurseurs en matière de stratégie sectorielle et remporté des petites victoires en levant des verrous et en doublant en quelques années le nombre de lits, d’arrivées, de recettes et de créations d’emplois, notre secteur s’est mis tout à coup à stagner, voire à régresser et surtout à ne plus produire. Et on commence par remettre en question ce qui semblait être une bonne initiative: Le plan Azur.
Rappelons que vision 2020 est venue compléter Vision 2010, qui à échéance n’avait toujours pas atteint ses objectifs notamment en offre balnéaire: les 65 000 chambres additionnelles devaient venir du Plan Azur et ses six stations. En me référant à l’accord cadre 2001-2010, je constate que ce plan prévoyait la consolidation de la baie d’Agadir et le repositionnement et la restructuration de Tanger et de la côte de Tétouan ( Actuellement TAMUDA BAY) avant la mise en place des nouvelles stations. On y parle également d’une offre balnéaire permanente au Sud sur la côte atlantique renforcée par une offre méditerranéenne saisonnière de Mai à Septembre. Il n’a jamais été dit ni écrit qu’il fallait lancer les 6 stations en même temps!
Cette approche est tout a fait utopique, aucun pays n’a jamais lancé plusieurs stations en même temps car supposons que nous ayons eut les moyens pour les construire, nous n’aurions jamais eut les ressources humaines pour les faire fonctionner, ni les moyens de les marketer.
On voit bien aujourd’hui que Saïdia, ouverte depuis 2009, peine avec ses trois unités hôtelières qui ont changé de mains plusieurs fois sans succès. Sans taille critique en matière d’hébergement, d’animation, de restauration et de service, cela ne sera jamais une station balnéaire à l’image de Sharm ou Antalya.
Le bon sens voudrait que l’on termine Saïdia telle que prévue, c’est à dire avec ses 9 hôtels, ses 8 résidences touristiques et ses 12 villages de vacances soit une capacité de 20000 lits dont une partie sera commercialisée par les TO ce qui suppose que le retour aux bons vieux charters pour la capacité aérienne. L’autre partie, le résidentiel et le luxe, via les lowcost , les lignes régulières et le maritime pour faire vivre la Marina et les golfs.
Pour Agadir, qui a la chance d’offrir du soleil toute l’année, une mise à niveau de l’offre hôtelière existante est primordiale tant sur les hôtels en front de mer que sur ceux en deuxième ligne. Mettre les bouchées doubles pour terminer Taghazout et la positionner de manière à ne pas cannibaliser Agadir dupliquant ainsi l’erreur de nos amis Tunisiens avec Hammamet Yasmine et Hammamet Nord. Les deux produits doivent se compléter avec des cibles clientèles différentes.
Enfin pour Mogador, qui donne du sens au Territoire Marrakech Atlantique en alliant culture et balnéaire, il y a lieu de penser cette station dans le cadre d’un tourisme à haute valeur ajoutée, un peu comme Bodrum en Turquie et sauvegarder ainsi son authenticité. Une station à taille humaine qui pourra bénéficier de la notoriété et du positionnement de sa grande soeur Marrakech.
A mon humble avis telles devraient être à ce jour les priorités du plan Azur pour le rendre crédible et lui donner toutes les chances de réussir, car il est tout a fait vrai que nous avons besoin d’une offre balnéaire pour attirer une nouvelle clientèle avide de soleil et de loisirs de plus qui est issue de pays proches avec un pouvoir d’achat et des conditions météorologiques qui les poussent vers nous.
Une offre balnéaire ne doit pas reposer uniquement sur de l’hébergement, mais aussi de l’animation, des sports , des excursions, du shopping et des services, d’où les besoins de développer et de faciliter l’implantation de parcs, terrains de sports, circuits à thème, artisanat de qualité et vie nocturne pour que chacun s’y retrouve.
Il faut se donner quatre années pour terminer les unités d’hébergement et trouver des gestionnaires pour les faire tourner, tout cela adossé à une commercialisation agressive de l’ONMT et une implication des professionnels pour aller dés maintenant prospecter dans les marchés émetteurs.
Bon Anniversaire!