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Un samedi soir sur la terre des mots (8) : Romain Gary

Publié le 29 novembre 2014 par Adtraviata

« C’est fini. La plage de Big Sur est vide, et je demeure couché sur le sable, à l’endroit même où je suis tombé. La brume marine adoucit les choses; à l’horizon, pas un mât; sur un rocher, devant moi, des milliers d’oiseaux; sur un autre, une famille de phoques: le père émerge inlassablement des flots, un poisson dans la gueule, luisant et dévoué. Les hirondelles de mer atterrissent parfois si près, que je retiens mon souffle et que mon vieux besoin s’éveille et remue en moi: encore un peu, et elles vont se poser sur mon visage, se blottir dans mon cou et dans mes bras, me recouvrir tout entier… A quarante-quatre ans, j’en suis encore à rêver de quelque tendresse essentielle. Il y a si longtemps que je suis étendu sans bouger sur la plage que les pélicans et les cormorans ont fini par former un cercle autour de moi et, tout à l’heure, un phoque s’est laissé porter par les vagues jusqu’à mes pieds. Il est resté là, un long moment, à me regarder, dressé sur ses nageoires, et puis il est retourné à l’Océan. Je lui ai souri, mais il est resté là, grave et un peu triste, comme s’il savait. »

Romain GARY, La promesse de l’aube, Folioplus classique, 2009

Je déguste ce classique au programme du Blogoclub du 1e décembre (euh… je ne publierai sans doute pas en début de semaine prochaine…). La construction d’un homme et d’un écrivain par sa mère inoubliable…

Le rendez-vous des premières pages et du samedi soir avec Le carré jaune et Mina


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