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Un Garçon Si Gentil… de Magali Wièner

Par Artemissia Gold @SongeD1NuitDete

Un garçon si gentil… de Magali Wiéner

Un garçon si gentilBroché: 247 pages
Editeur : Editions Milan
Collection : MIL.MACAD.MILAN
Date de sortie:  27 août 2014
Langue : Français
ISBN-10: 2745968351
ISBN-13: 978-2745968357
Disponible sur liseuse: NON

Son résumé : La soirée s’annonce bien pour Rodrigues, ce garçon si gentil : fête de la musique, bière et rock’n’roll. Et puis ce concert avec Aurélie, qui semble ne chanter que pour lui. Des regards qui s’échangent, l’alcool qui fait du bien, des envies plein les yeux… Une nuit qui tient ses promesses. Rodrigues est heureux.

Jusqu’au lendemain matin, où le cauchemar commence…

Mon Avis :

Voilà un livre qu’il est bien difficile de juger. Au vu du résumé, on s’attend globalement à l’histoire d’un pauvre ado, pour qui le monde s’écroule après une nuit d’amour partagée. Mais cette histoire est bien plus que ça.

Dès les premières pages, je me suis sentie extrêmement mal à l’aise. Le premier chapitre, très court, juste une douzaine de pages, relate la fameuse soirée et m’a troublé au plus haut point. A chacun son avis, mais j’ai eu l’impression de lire l’histoire d’un viol. Tout est du point de vue du jeune Rodrigues, tout est décrit tel que vécu et ressenti par lui. Mais les tournures de phrases, les gestes de la jeune Aurélie laissent transparaître comme une image en filigrane son refus de relation. Rodrigues n’est pas un violeur dans l’âme, il n’avait pas décidé de lui ravir son innocence de force. Mais, tellement obsédée par cette jeune fille qui lui plaît plus que de raison, il interprète ses réactions pour ce qu’il aimerait qu’elles soient et non pour ce qu’elles sont réellement. Aurélie est ivre, elle ne peut guère faire plus que lui montrer que son contact la gêne et se replier sur elle quand il devient entreprenant. Puis la fougue et l’envie de Rodrigues, associées il est vrai à son innocence en la matière, à sa naïveté, lui font commettre sans même le comprendre l’impardonnable.

C’est totalement imprégnée de ce ressenti de malaise et même de colère envers Rodrigues que j’ai continué ma lecture. Le jeune homme, encore dans l’euphorie de sa première nuit d’amour, réellement persuadé qu’Aurélie l’a aimé autant que lui l’a aimé, voit débarquer à son domicile la police sans rien comprendre. Démarre alors pour lui une descente aux enfers.

Le style d’écriture, très particulier de prime abord, se révèle percutant. Tout est décrit tel que vu, compris et ressenti par l’adolescent naïf qu’est Rodrigues. D’abord dérouté, on oublie très vite le style pour juste ressentir le récit. L’écriture sert vraiment ce livre, en mettant en exergue les sentiments de Rodrigues, en nous plongeant au cœur de son incompréhension et l’injustice qu’il pense vivre.

La plus grande partie de l’histoire se concentre alors sur l’incarcération de Rodrigues à Fleury Mérogis, placé en détention provisoire le temps de l’enquête qui va durer plus d’un an. On découvre alors le deuxième grand thème de ce roman : l’incarcération des jeunes et leurs conditions de vie.

Rodrigues est un jeune homme gentil, timide, fragile et quelque peu naïf de la réalité de la vie, comme beaucoup des jeunes de son âge. Il a toujours été dorloté par sa mère, n’a connu aucune difficulté dans sa vie, même le divorce de ses parents se passe plutôt bien pour lui et ils continuent de prendre bien soin de lui à leur façon. Mon interprétation du livre me fait le penser coupable, mais je pense également qu’il n’a jamais voulu lui faire du mal, qu’il pensait juste que leur relation était consentie. Il est profondément convaincu qu’elle était d’accord car il n’a pas su comprendre ses réactions. Mais, qu’importe ce que l’on pense de lui, il ne mérite pas ce qu’il va devoir endurer au centre d’incarcération pour mineurs. Les conditions décrites, et on peut imaginer aisément qu’elles soient les vraies, sont horribles.

Bien obligée de laisser de côté mon aversion première pour Rodrigues face à son manque d’empathie et de douceur envers Aurélie, j’ai été profondément touchée par son désarroi, grâce encore une fois à ce style si intense. Plongé dans sa psyché par la narration, on perçoit et ressent son manque de liberté, d’intimité, sa frustration, sa colère mais surtout sa peur face à ce monde carcéral, aux autres jeunes et à leur violence. On le voit changer, devoir devenir plus fort et moins sensible pour survivre. Peu importe ce qui lui est reproché, le voir souffrir dans cet univers, sans même avoir été jugé, le voir être brimé, frappé, est déroutant, révoltant.

En bref, un livre poignant, touchant, bouleversant, révulsant, qui ne vous laissera pas de marbre.

Très bon

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Un garçon si gentil… de Magali Wiéner

Un garçon si gentilBroché: 247 pages
Editeur : Editions Milan
Collection : MIL.MACAD.MILAN
Date de sortie:  27 août 2014
Langue : Français
ISBN-10: 2745968351
ISBN-13: 978-2745968357
Disponible sur liseuse: NON

Son résumé : La soirée s’annonce bien pour Rodrigues, ce garçon si gentil : fête de la musique, bière et rock’n’roll. Et puis ce concert avec Aurélie, qui semble ne chanter que pour lui. Des regards qui s’échangent, l’alcool qui fait du bien, des envies plein les yeux… Une nuit qui tient ses promesses. Rodrigues est heureux.

Jusqu’au lendemain matin, où le cauchemar commence…

Mon Avis :

Voilà un livre qu’il est bien difficile de juger. Au vu du résumé, on s’attend globalement à l’histoire d’un pauvre ado, pour qui le monde s’écroule après une nuit d’amour partagée. Mais cette histoire est bien plus que ça.

Dès les premières pages, je me suis sentie extrêmement mal à l’aise. Le premier chapitre, très court, juste une douzaine de pages, relate la fameuse soirée et m’a troublé au plus haut point. A chacun son avis, mais j’ai eu l’impression de lire l’histoire d’un viol. Tout est du point de vue du jeune Rodrigues, tout est décrit tel que vécu et ressenti par lui. Mais les tournures de phrases, les gestes de la jeune Aurélie laissent transparaître comme une image en filigrane son refus de relation. Rodrigues n’est pas un violeur dans l’âme, il n’avait pas décidé de lui ravir son innocence de force. Mais, tellement obsédée par cette jeune fille qui lui plaît plus que de raison, il interprète ses réactions pour ce qu’il aimerait qu’elles soient et non pour ce qu’elles sont réellement. Aurélie est ivre, elle ne peut guère faire plus que lui montrer que son contact la gêne et se replier sur elle quand il devient entreprenant. Puis la fougue et l’envie de Rodrigues, associées il est vrai à son innocence en la matière, à sa naïveté, lui font commettre sans même le comprendre l’impardonnable.

C’est totalement imprégnée de ce ressenti de malaise et même de colère envers Rodrigues que j’ai continué ma lecture. Le jeune homme, encore dans l’euphorie de sa première nuit d’amour, réellement persuadé qu’Aurélie l’a aimé autant que lui l’a aimé, voit débarquer à son domicile la police sans rien comprendre. Démarre alors pour lui une descente aux enfers.

Le style d’écriture, très particulier de prime abord, se révèle percutant. Tout est décrit tel que vu, compris et ressenti par l’adolescent naïf qu’est Rodrigues. D’abord dérouté, on oublie très vite le style pour juste ressentir le récit. L’écriture sert vraiment ce livre, en mettant en exergue les sentiments de Rodrigues, en nous plongeant au cœur de son incompréhension et l’injustice qu’il pense vivre.

La plus grande partie de l’histoire se concentre alors sur l’incarcération de Rodrigues à Fleury Mérogis, placé en détention provisoire le temps de l’enquête qui va durer plus d’un an. On découvre alors le deuxième grand thème de ce roman : l’incarcération des jeunes et leurs conditions de vie.

Rodrigues est un jeune homme gentil, timide, fragile et quelque peu naïf de la réalité de la vie, comme beaucoup des jeunes de son âge. Il a toujours été dorloté par sa mère, n’a connu aucune difficulté dans sa vie, même le divorce de ses parents se passe plutôt bien pour lui et ils continuent de prendre bien soin de lui à leur façon. Mon interprétation du livre me fait le penser coupable, mais je pense également qu’il n’a jamais voulu lui faire du mal, qu’il pensait juste que leur relation était consentie. Il est profondément convaincu qu’elle était d’accord car il n’a pas su comprendre ses réactions. Mais, qu’importe ce que l’on pense de lui, il ne mérite pas ce qu’il va devoir endurer au centre d’incarcération pour mineurs. Les conditions décrites, et on peut imaginer aisément qu’elles soient les vraies, sont horribles.

Bien obligée de laisser de côté mon aversion première pour Rodrigues face à son manque d’empathie et de douceur envers Aurélie, j’ai été profondément touchée par son désarroi, grâce encore une fois à ce style si intense. Plongé dans sa psyché par la narration, on perçoit et ressent son manque de liberté, d’intimité, sa frustration, sa colère mais surtout sa peur face à ce monde carcéral, aux autres jeunes et à leur violence. On le voit changer, devoir devenir plus fort et moins sensible pour survivre. Peu importe ce qui lui est reproché, le voir souffrir dans cet univers, sans même avoir été jugé, le voir être brimé, frappé, est déroutant, révoltant.


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