Je suis loin d'être une férue d'exposition d'art et pourtant, lorsque j'ai vu des images de la Chocolate Factory de Paul McCarthy, j'ai été interpelée. Je savais qu'il ne s'agissait pas d'une exposition, mais plutôt d'une installation, et que l'atmosphère qui s'en dégageait primait sur l'oeuvre en elle-même.
Difficile en effet de ne pas se sentir dérangé par cette mini-usine de chocolats fantomatique, écoeurante et surtout complètement absurde. Enfin, pas si absurde que ça puisque l'oeuvre est en réalité une critique de la société de consommation, sa production incessante, sa déshumanisation mais aussi son gaspillage.
Dès l'entrée, nous tombons sur cette fabrique où des performeuses à la perruque blonde confectionnent (pour de vrai) des chocolats. Tous en forme d'arbre de Noël/plug ou de Père Noël portant un sextoy/sapin, ils ne varient que par leur taille. Le malaise est immédiat. L'ambiguïté est omniprésente.
Puis on traverse des salles dans lesquelles sont stockés au fil de la production tous ces clones de chocolats. Au fil des jours, ils remplissent les rayons, se fissurent et dégoulinent. Le rêve se transforme en cauchemar. La bande sonore de l'exposition, qui déblatère des insultes sans interruption, et les mots violents jetés sur les murs de l'expo, participent largement à cette sensation d'angoisse qui monte crescendo.
Des mots que McCarthy a entendu en vrai, lors de son agression cet automne à Paris, et qu'il a choisi d'exorciser lors de cette exposition.
Chocolate Factory
Jusqu'au 4 janvier 2015
Monnaie de Paris