la blessure à ma gorge,
le cri de mon cœur dans ce monde.
Alors se fige l’écume du ciel dans la main épaisse de la nuit,
alors se dressent les forêts jusqu’aux hauteurs arides,
jusqu’à la voûte céleste rétrécie.
Tout est si dur, tout est si rigide, noir et immobile!
J’avance à tâtons dans cet espace obscur,
je sens le tranchant de la roche sous mes doigts,
je griffe jusqu’au sang mes mains tendues vers le ciel,
vers les lambeaux froids des nuages.
Oh, des mes doigts j’arrache les ongles,
mes mains douloureuses je meurtris contre la montagne,
contre la forêt sombre,
contre l’acier noir du ciel,
contre cette terre froide!
L’angoisse, l’angoisse est mon héritage,
la blessure à ma gorge,
le cri de mon cœur dans ce monde.
***
Pär Lagerkvist (Suède 1891–1974)