Éditions Jean-Claude Lattès (2007)
Lou a treize ans, vit à Paris avec ses parents dans un bel appartement. C’est une adolescente surdouée, elle vient de rentrer au lycée et elle se sent mal à l’aise dans cette classe de seconde, où les autres filles la regardent de travers. Seul Lucas, un redoublant de dix-sept ans, lui témoigne un peu d’intérêt. Lorsque Lou se voit obligée de choisir un sujet d’exposé, elle présente son projet d’enquêter sur les jeunes SDF, sur un coup de tête. Gare d’Austerlitz, elle repère No, une jeune sans abri, tout juste majeure, qui zone dans le quartier, toujours à la recherche d’un endroit où dormir. Les premiers contacts entre les deux filles sont difficiles mais petit à petit, Lou réussit à apprivoiser Nolwenn et une amitié s’installe. Lorsque la situation s’aggrave pour No, Lou sollicite l’aide de ses parents, qui acceptent d’héberger la jeune fille. La présence de No ramène la joie de vivre qui manquait dans la famille de Lou depuis la mort de sa petite sœur. No se requinque, savoure le confort et la chaleur d’un foyer uni et reprend confiance. Mais ce roman n’a rien d’un conte de fées et aucune bonne marraine ne s’est penchée sur le berceau de No.
Même si le titre du roman met en avant les deux jeunes filles, c’est de trois adolescents dont qu’il est question dans cette histoire, où chacun, à sa façon et à des degrés divers, vit dans la solitude, délaissé par sa famille. La vie de No en est l’exemple ultime, enfant abandonnée par sa mère, baladée de foyer en foyer jusqu’à sa majorité puis poussée à la rue, dans la crasse, la violence et l’alcool. Lou, quant à elle, bénéficie du confort des beaux quartiers parisiens, d’une éducation à la mesure de ses capacités mais elle ne reçoit pas tout l’amour qui lui est dû. En effet, sa mère a perdu pied à la suite du décès de son deuxième enfant, et depuis, elle sombre dans la dépression et ne manifeste qu’indifférence pour sa fille. Quant à Lucas, le beau gosse, le charmeur, il ne manque pas d’argent mais vit quasiment seul dans un bel appartement, où sa mère ne fait que des apparitions fugaces entre ses déplacements professionnels.
La présence de No va aider la famille de Lou à sortir de son drame, mais elle–même ne va malheureusement pas en bénéficier durablement. L’histoire de Lou, No et Lucas est poignante et réaliste. Elle prouve que lorsqu’on a le gîte et le couvert assuré, la vie est quand même plus facile, même si l’environnement familial n’assure pas complètement son rôle protecteur. No n’a rien eu de tout cela pendant de trop longtemps et l’amitié de Lou ne suffira pas à l’empêcher de sombrer. Une belle lecture qui m’a laissée avec un grand sentiment d’injustice.
J'avais ce livre depuis un moment dans ma liseuse et c'est le challenge Objectif Pal 2014 d'Antigone qui m'a fourni l'occasion de le faire sortir de ma PAL numérique.
D'autres avis sur ce livre un peu partout sur la Toile et chez Babelio, par exemple.