Novembre, oh novembre, si long, si gris, si dénué de sens. Novembre bâtard, pas tout à fait la fin, pas tout à fait l’hiver.
Sur le frigo le semainier ressemble à un arc-en-ciel, chacun sa couleur et surtout qu’on n’oublie rien, un rendez-vous, un cours de tennis, une leçon de danse ou de violoncelle, l’anniversaire d’un ami. Novembre semble vide et pourtant, ses heures filent et la nuit nous surprend toujours trop tôt, entre deux petites cases bariolées de feutre que dérangent microbes et virus tels de minuscules grains de sable dans un coucou suisse.
Je le sais bien pourtant, je l’ai écrit ici il y a un an, mettre un pied devant l’autre, inlassablement, se retourner enfin et se féliciter du chemin parcouru, alors qu’on s’en croyait incapable.
Et parfois ces quelques instants de grace qu’on n’espérait pas, qu’on n’espérait plus. La beauté des vignes en automne, l’air si doux pour la saison, le camaïeu du coucher de soleil du haut du Mont Brouilly. S’apaiser devant la joliesse de l’endroit, se réjouir de la chaleur de l’accueil. Laisser le soleil inonder la table du petit déjeuner. Déjeuner dehors un dimanche de fin novembre, rire avec ceux qu’on voit tellement trop peu, ceux qu’on n’a pas vu naître, pas vu grandir. Le visage offert au soleil inattendu, sentir la douce chaleur nous envahir, prolonger l’instant bien plus que de raison avant les adieux.
Quand les temps seront gris, quand les temps seront courts, repenser toujours à ces quelques heures ailleurs. Une heure, un jour, une semaine après l’autre, jamais plus. Se sentir plus fort. Tu vois, c’était pas si difficile.