Europe photographiée par Galileo, revue et améliorée afin de lui donner un aspect comparable à ce qu’un œil humain pourrait découvrir en se rendant auprès de cette lune glacée et potentiellement habitable de Jupiter.
Dans notre Système solaire, de nombreux scientifiques estiment que la Terre ne serait pas le seul monde habitable. L’un des candidats les plus sérieux, présentant des conditions potentiellement favorables à la vie, n’est autre que l’intrigant Europe, satellite galiléen de 3 121 km de diamètre, gravitant à quelque 671 000 km autour de Jupiter et distant de plusieurs centaines de millions de km de notre douce biosphère.
Après de premières approches par de nombreuses sondes spatiales dont notamment Voyager I et II (en 1979) dont les images et les données ont éveillé la curiosité des chercheurs, la planète géante et ses principales lunes reçurent la visite exclusive de la mission Galileo, entre 1995 et 2003. Celle-ci survola plusieurs fois Europe et fit découvrir aux habitants de la Terre, ébahis, la diversité de ses terrains, un monde glacé, loin d’être lisse et figée comme l’ont démontré les fractures qui zèbrent sa surface laquelle arbore des paysages et des caractéristiques géologiques insoupçonnées. Mais que cache son épaisse banquise qui se brise régulièrement, en proie, semble-t-il, à une tectonique des glaces, à l’instar d’Encelade (petit satellite de Saturne) ? Vraisemblablement un océan d’eau liquide, répondent les chercheurs. En tout cas, les indices sont nombreux. Aussi, s’interrogent-ils sur son habitabilité, car, en effet, tous les ingrédients (énergie, eau liquide, nutriments) y seraient réunis…
Cette image « remastérisée » (haut de l’article) pour notre plus grande joie était à l’origine une mosaïque de clichés en basse résolution capturée par l’instrument SSI (Solid-State Imaging) de la sonde spatiale américaine, au cours de son premier survol en 1995 et du quatorzième, en 1998. Ce portrait d’Europe a été revalorisé et traité afin d’apparaître tel qu’un œil humain le verrait dans la réalité, si il avait la chance de s’en approcher. La résolution augmentée est à présent de 1,6 km par pixel. Cette retouche inclut un remplissage des lacunes qui tient compte des couleurs et terrains de l’environnement.
Le pôle Nord de la deuxième lune galiléenne est ici présenté à droite. Nous avons donc au centre, de haut en bas, la ceinture équatoriale qui, comme on peut le constater, est émaillée d’innombrables lignes tortueuses rouges et ocres — celles-ci semblent accumuler des matériaux issus des profondeurs —, au contraire des deux pôles dominés par des couleurs plus froides. Le bleu témoigne d’une glace d’eau pure alors que le rouge reflète plutôt son absence et une densité importante d’éléments non aqueux. La taille et la densité des grains ou blocs de glace semblent expliquer les dégradés du bleu au blanc, du pôle vers l’équateur pour chaque hémisphère.
Mosaïque d’images d’origine de Europe, l’un des plus grands satellites naturels de Jupiter, réalisée à partir du premier et quatorzième survol de Galileo, respectivement en 1995 et 1998. Photographiées à travers des filtres verts, violet et proche infrarouge, les couleurs furent volontairement exagérées pour mettre en évidence les contrastes géologiques et les différents matériaux qui s’accumulent dans ces fissures caractéristiques. Lors de sa publication en 2001, une étude estimait l’âge de sa surface à environ 30 millions d’années. La visite de la sonde JUICE, à l’horizon 2030, permettrait de « renifler » les jets de vapeur d’eau et de mieux caractériser cette lune potentiellement habitable
Juice, un projet européen de mission vers Europe
Au vu de ses reliefs variés qui ne sont que la partie émergée de l’iceberg, enfin d’Europe, les scientifiques rêvent bien sûr d’une mission entièrement dédiée à son exploration. En orbite et, mieux encore, au sol et ses abysses, terra incognita du XXIe siècle. Mais cela reste une opération complexe et très coûteuse qui va nous obliger à patienter quelques décennies.