Watteau, Pierrot, 1718
Et là, j'ai d'abord rencontré une plume. Une belle langue, des phrases longues, travaillées, d'abord hésitantes avant de trouver le mot juste et précis. Des phrases qui, immédiatement, suscitent des images. Et puis, j'ai suivi des personnages, des peintres, à travers des regards divers, celui d'une pauvre femme, d'un curé, d'un narrateur ironique. Le premier est Goya, ce peintre que l'on voit gravir les échelons de la gloire, jusqu'à un tête à tête avec la peinture de Velasquez. Le second est Watteau que le curé de Nogent, Charles Carreau, nous conte. Modèle pour le Pierrot de Watteau, il a pu observer le peintre et ses désirs pour les femmes, toutes les femmes. Le dernier est Lorentino d'Angelo, disciple de Pierro della Francesca. Un homme qui n'a jamais percé, dont la peinture a été oubliée. Un très pâle reflet de son maître (que l'on ne croise qu'aveugle et décrépit). A travers ces trois (quatre en comptant della Francesca) portraits de peintres, plus littéraires et imaginaires qu'historiques, Pierre Michon s'interroge sur ce qu'est un peintre et sa création. Il décrit des gestes, des manières de faire, de trouver un sujet ou un modèle. Il montre aussi la vanité de ces hommes et de leurs créations (et à ce titre, "Fie-toi à ce signe" (oui, Constantin ne nous quitte plus) est le plus explicite). Une belle rencontre, qui ne sera certainement pas la dernière avec cet auteur.Magazine Culture
En faisant un petit tour dernièrement dans un challenge tombé en désuétude, le Challenge 'Au bon roman', j'ai croisé ce titre de Pierre Michon. Et j'ai découvert qu'il s'agissait de trois textes sur la peinture et les peintres. Il ne m'en fallait pas plus pour l'ouvrir.