Une musique sur laquelle il est difficile de danser, voilà comment le nouveau side project Flaming Lips intitule son disque, dans une esthétique visuelle qui veut être 70's progressif, allemande. Et c'est vrai, ce n'est pas un disque de danse. C'est un disque qu'on a malmené et jugé trop vite, à cause des récents excès people de Wayne Coyne et notamment ses fameuses accointances louches avec Miley Cyrus et Moby. Toujours est-il que ce disque court (29 minutes tout juste) ressemble à un fort bel Ep d'un Flaming Lips nouveau, surfant sur la vague de The Terror et Peace Sword. Moins fun, plus sombre, expérimental.
Pourquoi un nouveau nom? Parce que la distribution des rôles a changé. Steven Drozd, que de nombreux anti Coyne définissent comme le meilleur musicien du groupe depuis longtemps, s'empare du poste de capitaine. Wayne reste à la basse quand même, le quartet Linear Downfall se charge du backing band et l'indécrottable Dave Fridmann enrobe le tout. On passe d'un genre à l'autre avec le même enrobage noisy. Tantôt kraut rock ("Living"), tantôt acid jazz ("I Could Only See Clouds"), parfois dub cosmique ("The Bat"). Celui-là est d'ailleurs un gros morceau. Hypnotisant à souhait, c'est le scotch total, même quand la voix rentre à la fin.
Certains ont râlé aussi parce que le disque a été annoncé comme progressif (le sticker sur le vinyle allant même jusqu'à un "New Prog Masterpiece"), avec un débat mené sur Youtube à ce sujet, Coyane et Drozd intervenant sur le débat éculé qu'est "Qu'est-ce qui est progressif ?". Et finalement ce Muzik... l'est assez peu, progressif. C'est plus une forme mutante que les Lips ont développé, et qui effectivement ressort plus chez Drozd que chez Coyne, un rock électronique sombre et poisseux qui ne s'impose aucune limite (et sortir un disque chelou comme ça en 2014 chez Warner c'est couillu).
En vrai ce doit être la cover de Yes. En effet "Heart of the Sunrise" débarrassé de tous ses oripeaux progressifs atteint d'autres niveaux. Magnifique ballade éthérée aux faux airs de sagesse, la marque de grands musiciens. Et puis je ne saurais conclure sans parler du gros morceaux de cet album, "Transform!!!", véritable bombe de jam en furie, section rythmique pachydermique, voix sous hélium à la Robert Plant, une bonne claque dans ta gueule avec un peu de volume.
En bref : en six titres tous différents mais tous utiles, les Flaming Lips sous une autre forme s'ouvrent à de nouveaux univers hypnotiques et passionnants.