Depuis hier, les Films du Préau proposent à nos chères têtes blondes le traditionnel conte de Noël à voir en salles pendant les fêtes, un peu comme certains vont à la Messe de minuit même sans communier. Pourtant, De la neige pour Noël est bien loin des superproductions animées de vos studios préférés et, si l'animation image par image avec marionnettes rappellera les créations des studios Aardman (toute la série des Wallace & Gromit), le public visé et le script sont bien différents.
Ce qui frappe d'emblée dans ce film, c'est le soin apporté aux personnages, surtout le trio central (le réparateur et inventeur génial Féodor et ses deux amis, Solan l'oiseau volubile et fanfaron et Ludvig, le hérisson pessimiste et trouillard) : leurs accessoires et vêtements sont d'une extrême finesse et l'animation, même si elle n'atteint pas la fluidité des meilleurs films d'animation, est remarquable. Les 11 mois de tournage pour 1100 scènes mises bout à bout (un budget de 3 millions d'euros) étaient nécessaires pour rendre hommage à l'univers imaginé de toutes pièces dans les années 50 par Kjell Aukrust, mythique illustrateur norvégien. Il s'agit d'ailleurs du second long-métrage inspiré de son oeuvre après Grand-Prix Pignon-sur-Roc sorti il y a 36 ans et qui jouit dans son pays d'origine d'une incroyable réputation, au point d'être toujours programmé de nos jours. Celui-ci est bien parti pour suivre les traces de son aîné puisqu'il a explosé les records au box-office norvégien (il y est sorti fin 2013).
Le métrage dégage une âme chaleureuse, bon enfant, et s'adresse avant tout aux plus jeunes d'entre nous mais sans véhiculer de morale dégoulinante, de sensationnalisme ou une imagerie tapageuse. Il y a dans ce film cette sorte de sérénité séculaire qu'on retrouve dans des productions comme Mon voisin Totoro, un caractère immanent et intemporel jouant sur le détail. Certes, le script est construit autour de séquences incontournables, avec des gags et des péripéties destinées à maintenir les plus jeunes spectateurs en alerte, mais l'intérêt est ailleurs, dans la manière d'aborder petit à petit le noeud de l'histoire. De l'extérieur, on pourrait penser à une version aseptisée de Tempête de boulettes géantes avec le détournement d'une machine altérant le climat à des fins personnelles. Mais ici, l'inventeur n'est qu'un personnage secondaire, même s'il occupe le devant de la scène pendant le premier tiers : toute la résolution du drame que s'apprêtent à vivre les habitants de Pinchcliffe (ils voulaient de la neige, la réclamaient à cor et à cris, finissent par l'avoir, puis se mettent à redouter les conséquences d'un blizzard qui ne s'interrompt plus) repose sur les frêles épaules du petit Ludvig. Cet indolent personnage, complètement à l'opposé de son meilleur ami qui ne tient pas en place, presque agaçant par sa mollesse et sa crainte permanente, est là pour s'adresser directement aux plus fragiles d'entre nous, à ceux qui manquent de confiance et de reconnaissance, se sentent différents ou exclus.
Evidemment, l'adulte rompu à l'exercice de ce genre de narration verra immédiatement
Titre original
Solan og Ludvig - Jul i Flaklypa
Réalisation
Rasmus A. Sivertsen
Date de sortie
26 novembre 2014 avec les Films du Préau
Scénario
Karsten Fullu d'après les personnages de Kjell Aukrust & le roman de Harald Sommerin Simmonaes
Distribution
Voix VF de Pascal Racan, Philippe Allard et Patrick Descamps
Photographie
Morten Skallerud & Janne Hansen
Musique
Knut Avenstroup Haugen
Support & durée
35 mm en 1.85:1 / 76 min
Synopsis:C'est bientôt Noël à Pinchcliffe. Comme tous les habitants, Solan et Ludvig attendent la neige. Hélas, elle ne tombe pas... Leur ami Féodor décide alors de fabriquer un canon à neige ultra-puissant ! Mais lorsque l'ambitieux directeur du journal local s'empare de la machine, Solan et Ludvig doivent prendre les choses en mains pour éviter la catastrophe et empêcher que le village soit... rayé de la carte.