L'homme était premier ministre du premier paradis fiscal européen, le Luxembourg. Eclaboussé, trempé par un scandale retentissant qu'il s'agissait de masquer au plus vite, il a voulu prendre l'initiative.
Souriez et criez.
Au gouvernement, on fait mine de se féliciter. On se félicite même carrément. A force d'avaler des cailloux et de mâcher des cailloux, les ministres pataugent.
"La France accueille favorablement la proposition de M. Juncker, même si nous considérons que l'on peut améliorer encore ces propositions pour faire en sorte que l'investissement et donc la croissance soient une priorité européenne". Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement.Ce plan ne fait illusion nulle part, et chez personne. Certains ricanaient déjà quand Hollande obtint un "plan de 100 milliards', en septembre 2012, pour avaler la pilule d'une ratification sans délai du TSCG. Deux ans plus tard, voici donc un fond, et non un plan, de 315 milliards d'euros.
Juncker connaît les banques, et déteste la dépense publique. Ce mercredi, il a donc fait du "marketing bancaire". Regrouper des fonds existants, ajouter 5 milliards, parier sur un effet de levier de 15 dans le secteur privé, et voici l'incroyable chiffrage - 315 milliards d'euros. Car Juncker espère que le secteur privé alléché misera 15 fois plus que la maigre contribution des institutions européennes. Il a même ajouté des objectifs à cette politique de l'offre... "créer jusqu'à 1,3 million d'emplois supplémentaires d'ici à la fin de 2017", et ajouter "de 300 à 400 milliards au PIB à la richesse de l'Union, soit 2,3 % de croissance en plus."
Sans blague...
Les Echos résument l'affaire: "le plan Juncker fait la part belle à l’investissement privé." Mediapart complète: "le simulacre du plan Juncker".
Le nouveau leader conservateur de la Commission de Bruxelles a bien blousé son monde. La député socialiste Karine Berger ne cache pas sa déception:
"Quelle déception terrible ! Pendant sa campagne pour être élu à la tête de la Commission, Jean Claude Juncker avait annoncé un grand plan pour l’investissement en Europe d’un montant de 300 milliards d’euros. 1 mois plus tard, le carrosse de la relance s’est transformé en citrouille. Les 300 milliards se sont envolés : rien au final dans les annonces de ce matin ; ou si peu."L'argumentaire gouvernemental frise le mauvais goût: on applaudit puisque l'’investissement serait devenu "l’un des projets phares de la Commission est la marque de la réorientation de l’Europe".
Ce marketing politique est épuisant.
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