Le grand père

Publié le 21 juin 2013 par Orangoutan

Le grand père

Il arriva sur sa tondeuse, des charentaises toutes pourries aux pieds ,l'air hautain, lui, mon voisin, ex ami, Pierre Boulet, me jeta un regard dédaigneux qu'ont les gens sur les autres comme pour dire :
« tu vois la tâche, moi, j'y suis arrivé… »

Il daigna enfin éteindre sa tondeuse à gazon, mit un pied à terre avec des gestes calculés ,se prit les pieds dans son râteau pour s'éclater le pif sur l'herbe fraîchement coupée ; il se releva, me toisant de toute sa hauteur et me dit :

 « tu vois, Pierre, un peu d'exercice ne fait pas de mal au petit matin… »

 « oui, mais Pierre, nous sommes au coucher du soleil ! »

 « peu importe voisin et néanmoins ex ami,je viens par ce temps ensoleillé te porter la bonne nouvelle, manant ! »

 « tu parles, il pleut comme vache qui pisse… »

 « Oui, mais dans mon cœur, il fait beau, ignorant valetaille !!! »

 « bon, écoute Monseigneur de Boulet tu la craches ta nouvelle ou tu veux une peridurale? »

 « justement! EN PARLANT d'accouchement, IMPATIENT VOISIN ,me voici Grand Père »
 


 « oui et alors? tu étais déjà vieux ,maintenant te voilà gâteux ça change quoi? »

 « ça change QUOI ? Oh ! L'ignorant déchet de la societé, mécreant voisin de peu de foi… N'as tu point admiré le trésor, que dis-je ,le diamant qui scintille et qui fait le bonheur de la dynastie des Boulets… je ne désespère pas d'avoir un jour une particule noble rattachée a mon nom, le gueux!!!

 j'imagine déjà les passants louant ma descendance,et rêvant un jour d'avoir aussi belle progeniture à bercer dans leur bras de citoyens lambdas , me faisant citoyen d'honneur de la ville de Meschers ,les clés de la ville offertes par les notables du cru, à genoux, vêtus d'une robe de bure et la corde au cou tels les bourgois de calais soumis et émerveillés par tant de beauté et d’intelligence venant d'une seule famille : les boulets ! Representés par un seul être : ma Petite Fille ! »

 « Holà ! Monseigneur de Boulet tu te la pêtes pas un peu, là, non ? »

 « que nenni, insolent voisin, JE VOIS sur ce front de prolétaire retardé, sourdre une jalousie malsaine sur les lèvres baveuses de cette bouche, poindre déjà des mots désobligeants dictés par une envie de me ressembler et de vous accaparer un peu de ce bonheur pour vous inaccessible ! »

 « m'enfin!! »

 « oui monsieur ,je vous méprise et sachez que dorénavant je vous laisserai sur le chemin de mon indifférence, et ne vous verrai plus que sous forme de mauvaise herbe que je detruis tous les jours à grand renfort de pesticide, le seul déodorant qui vous convienne et pafffff ! »