Nous inaugurons un nouveau genre d’article, des posts autour des « savoir faire » , de la création, de l’artisanat. Nous voulons parler de ces métiers qui se perdent de plus en plus, mais qui ont une âme, vous présenter des parcours, des passions. Nous trouvons les récits d’hommes et de femmes aimant leur travail, passionnants et inspirants.
Alors aujourd’hui, j’aimerais vous parler de mon métier : l’ébénisterie .
Parcours
Pour commencer cette aventure je me suis dit que vous raconter ce que je fais en ce moment pourrait vous aider à mieux me connaître, à comprendre ce qui m’anime. Je suis actuellement en formation d’ébénisterie, ce métier me suit inconsciemment depuis toujours car mon grand-père l’était et mon père est un grand bricoleur, du genre touche à tout. J’ai hérité de cette attirance pour la création, la technique, la débrouillardise. Bien sûr comme beaucoup j’ai commencé par les Duplo, les Légo, puis les cabanes. J’ai fais quelques détours avant de trouver ma voie, un diplôme des sciences de l’ingénieur, un moment aux beaux arts, avant de me tourner vers le design puis l’ébénisterie.
Ma formation se déroule en deux temps, une partie au CFA La Bonne Graine où j’apprends les techniques d’ébénisterie traditionnelle, (comment faire des plaquages et des marqueteries, travailler le bois massif, réaliser des meubles manuellement – de la conception à la fabrication- , les méthodes d’assemblage) et l’autre partie dans une petite entreprise de réalisation de meubles contemporains sur mesure. Là-bas j’apprends aussi différents corps de métiers comme la plomberie, l’électricité, la maçonnerie, la menuiserie, le carrelage… J’ai la chance d’avoir un double apprentissage, complet, enrichissant, plein d’expérimentations, de recherches, de découvertes.
La différence entre ces deux « écoles » est passionnante, d’un côté j’apprends les techniques dites classiques – qui connotent un savoir-faire, un art, un aspect très précieux – et de l’autre côté j’apprends à utiliser les matériaux composites, les résines, la quincaillerie, la domotique. Cette association entre le traditionnel et le moderne est très enrichissante , les différences sont bien réelles, mais leur point commun c’est l’envie d’avoir un produit fini de qualité, beau et bien fait.
L’ébénisterie, c’est quoi ?
Le meuble, l’habitation en général sont des espaces qui reflètent les personnes. Mon rôle est de comprendre les besoins du client et de lui proposer des espaces et des objets répondant à ses besoins. Pour cela je crée des images en 3D ou des plans afin que l’on discute, ajuste les propositions, choisisse les matériaux, les techniques et pouvoir le rendre réel. Le fait de donner corps à l’objet qui était jusqu’alors dans l’imaginaire du client est magique. Tout objet pose la question de la possession, donc de l’aspect matériel, mais en tant qu’ébéniste je crois qu’on est fier de savoir que notre produit est durable, de qualité, respectueux des matériaux, et du savoir-faire.
Pour être ébéniste, il faut aimer le bois. Ce matériau vivant, complexe, avec tant de propriétés différentes. Réfléchir un meuble ce n’est pas seulement assembler des bouts de bois car les pièces qui le composent le meuble sont toutes pensées pour une fonction précise.
Le bois est « vivant » car il se tend ou se dilate en fonction de l’hygrométrie, perd de l’eau en son cœur et se déforme avec le temps. On le choisit par rapport à sa position et son utilité. Une planche de bois ne sera pas travaillée de la même manière suivant sa place dans le meuble et son décor. Il est important de tenir compte de tous ces besoins pour obtenir une réalisation de qualité.
Il y a aussi différentes façons de débiter un arbre. En fonction du motif que l’on veut faire apparaître sur notre objet, il sera différent pour chaque essence, et aussi en fonction de la résistance que l’on veut obtenir. Chaque bois à sa particularité, ses caractéristiques. En s’intéressant de plus près à ce matériau incroyable on découvre des couleurs, des motifs, des odeurs, des textures et des tendresses uniques. Il y a des bois légers, brillants, cassants, gras, poivrés, citronnés, doux, tachetés, durs, flammés. Le plus beau dans l’ébénisterie c’est d’arriver à jouer avec tous ces détails, et encore mieux avec les défauts, pour rendre chaque meuble vraiment unique.
L’importance des outils
Mes outils sont des objets très personnels, très précieux. En ébénisterie on se prête rarement nos outils. Un outil ça se nettoie, ça s’affute et ça se règle en fonction de la manière dont on l’utilise, et comme chacun a ses petites habitudes on respecte cela. On dit parfois que les outils se forment à notre main, c’est vrai, c’est intime.
Vous montrer mes outils dans ces photos c’est comme me présenter, ce sont mes objets, ceux qui permettent au meuble de prendre forme, ceux que j’ai réglés à ma main, à ma manière de travailler. J’ai voulu illustrer cet article avec mes outils car ils sont importants pour moi, certains me viennent de mon grand-père, ils ont une histoire et je suis heureux de continuer à m’en servir encore aujourd’hui.
Et la suite ?
Ma formation en Art et en Design m’a nourri intellectuellement sur la manière de concevoir et de percevoir une forme, un objet, un espace, de comprendre leurs symboliques, leurs significations, et surtout de savoir remettre en question ce qui existe et de chercher des nouvelles formes, des nouvelles applications aux objets.
Pour la suite j’ai envie de m’appuyer sur tout ce que j’apprends actuellement pour proposer des lignes de meubles, d’objets ou des concepts d’agencement. J’ai envie de mélanger tous ces savoirs faire, tout ce qui me nourrit, m’inspirer des différentes techniques pour créer des formes et des identités qui font partie de notre temps, de la manière dont on vit le monde et dont on l’imagine. Pour l’instant je suis encore en période de découverte et d’apprentissage de beaucoup de choses, mais ces idées sont là et je vais tout faire pour les réaliser.
J’espère que cette petite présentation de mon métier vous a plu et que ça vous parle, si vous avez des questions n’hésitez pas ! Merci et à très vite !