L’histoire de cette femme, c’est celle de Shin-ae. Cette dernière, après le décès de son mari dans un accident de voiture débarque à Miriang avec son fils, Jun. Miriang, c’est la ville natale de son époux. C’est aussi la ville dans laquelle elle veut se reconstruire, refaire sa vie et élever son fils. Shin-ae ouvre alors une officine. Elle y donne des cours de piano et s’ouvre à son voisinage jusqu’à ce qu’un nouveau drame la frappe.
Lee Chang-dong ne se présente pas, ou plus lorsqu’on sait qu’il a réalisé avec Peppermint Candy (1999) et Oasis (2002) deux des meilleurs films du cinéma sud-coréen. Là, encore Lee Chang-dong place son personnage principal dans la tourmente en lui faisant endurer le pire. Un chemin tortueux qu’il devra arpenter dans la souffrance. C’est ce que vit Shin-ae dans un environnement qui lui est inconnu. Comment renaître après avoir connu l’enfer ? Pour ce faire, Lee Chang-dong passe la société sud-coréenne au peigne fin. Après s’être attaqué à cette société et l’ascension d’un jeune homme dans le crime (Green Fish, 1997), après avoir dénoncé les années de dictature ou encore l’indifférence et l’incompréhension d’une société sur ce qui est différent de la norme, il tire à boulets rouge sur la religion.
Pour faire face aux malheurs qui la frappent, Shin-ae se réfugie dans le culte religieux et donne ainsi un sens à sa vie. Ce qu’elle trouvera, c’est de la colère. Sa colère l’emportera sur la « supercherie » des croyances, celles dépeintes par l’auteur. Shin-ae se révolte contre l’hypocrisie de la religion lorsqu’elle décide de pardonner en bonne religieuse. Elle apprendra que tout n’est que fumisterie, qu’il n’y a pas de justice dans la religion mais une injustice écœurante à ses yeux. Cette révélation la rendra presque folle. Internée, elle sortira pour continuer sa vie et retrouver un apaisement qui se dérobait jusqu’alors à elle.
I.D.