25 novembre 2014
L’une des menaces, ou peut-être LA menace, qui se présente à l’Union européenne suite au fiasco des sanctions, est la possibilité que la Russie ferme les réseaux d’approvisionnement de gaz et mette fin aux livraisons vers les pays européens. De quoi exacerber la crise et forcer une solution à la situation.L’économie de la Russie en souffrirait grandement. Que pourraient bien faire les Russes de tout le gaz qui est envoyé chaque jour vers l’Europe, et plus particulièrement vers son plus gros acheteur, l’Allemagne ? L’inhaler ? Il n’y a pour l’instant aucune infrastructure en place pour permettre l’exportation de ce gaz en de grandes quantités vers d’autres consommateurs. Les revenus en devises étrangères et les recettes publiques du pays diminueraient.Mais pour l’Europe, le problème n’en serait pas bien moindre, comme l’a expliqué Günther Oettinger, Commissaire européen pour l’énergie, suite à la publication de son test de stress par la Commission, qui a été ostensiblement destiné à déterminer ce qui se passerait si la Russie cessait de livrer du gaz à l’Europe cet hiver.« Nous disposons pour la toute première fois d’un tableau complet des risques et des possibles solutions », a-t-il dit. Il est clair que certains pays, notamment l’Estonie et la Bulgarie, rencontreraient des problèmes, mais « si nous travaillons ensemble, faisons preuve de solidarité et mettons en place les conseils apportés par ce rapport, aucun foyer ne restera au froid dans l’Union européenne cet hiver »Il semblerait qu’à la manière des tests de stress imposés aux banques, ce test de stress ait un objectif précis : apaiser les gens et leur faire croire que tout est sous contrôle et qu’ils n’ont pas à s’inquiéter.En réalité, même pour l’Allemagne – qui est loin d’être aussi indépendante du gaz russe que la Pologne, la Finlande, l’Estonie ou la Bulgarie – le scénario s’annonce catastrophique. C’est ce qui a été dit dans un rapport du Ministère allemand pour l’énergie, publié par le Spiegel. Le rapport, que même le Parlement n’avait pas lu avant sa publication, a été inclus à l’analyse que le Ministère de l’économie a envoyé à la Commission européenne à la fin du mois d’août – et au vice-président de la Commission européenne responsable de l’énergie, Günther Oettinger. Ce dernier était, au moins depuis cette date, au courant des faits. Il n’en est pas moins vrai que, dans le cadre du test de stress de la Commission, il ait continué de prononcer les mêmes paroles de réconfort.L’analyse s’est penchée sur ce qui arriverait à l’Allemagne si la Russie cessait de lui envoyer du gaz pendant six mois, tout au long de l’hiver. Les réserves de gaz du pays seraient réduites de 23 milliards de mètres cubes, alors que l’Allemagne utilise en un hiver 51,2 milliards de mètres cubes de gaz. C’est une baisse de 45% ! Seule une petite fraction de cette baisse pourrait être compensée par d’autres sources :
- 2 milliards de mètres cubes pourraient provenir d’importations additionnelles de gaz naturel liquéfié
- 0,75 milliard de mètres cubes pourraient être tirées d’importations depuis la Norvège
- 3 milliards de mètres cubes pourraient être épargnées en changeant l’alimentation de centrales électriques, grâce par exemple au pétrole, et en ne livrant pas aux clients avec lesquels des contrats résiliables ont été signés
- Clients protégés (ménages, mais aussi centrales électriques au gaz qui fournissent du chauffage à des clients)
- Centrales électriques au gaz jugées indispensables pour la distribution d’énergie
- Industrie
- Autres centrales au gaz