Encore un disque qui a traîné un long moment autour de moi sans que je sache quoi en dire et, surtout, quoi en faire. Pour le coup, ressortir un album cette année, après celui de l’an dernier, ça fait beaucoup. En plus, mes attentes étaient grandes, pensant que Tricky était en train de retrouver sa griffe. La forme prévisible avant False Idols s’était complètement matérialisée sur ce dernier. Mais Adrian Thaws est trop soudain, et davantage de temps lui aurait été sans doute bénéfique.
D’abord, le titre choisi n’a rien d’original, contrairement à ce que croit Tricky. Alors que son premier album, en 1995, portait le nom de sa mère, et le nom de son quartier d’origine Knowle West en 2008, difficile d’être surpris. Ensuit, ne discutons pas des visuels, qui reprennent très souvent l’artiste torse nu, enfumé, ou carrément enflammé comme ici. Pourquoi pas, après tout, c’est un peu sa marque maintenant. Depuis Blowback en tout cas… ce qui n’est pas forcément bon signe.
Musicalement, car c’est le plus important, je serai juste lapidaire : finalement, 2014 nous délivre le quatrième album de l’Anglais à être bon, avec des moments particulièrement réussis et dignes de son époque dorée (les années 90 dans leur intégralité). Mais la qualité n’est pas homogène : comme je l’ai déjà dit il y a quelques temps, il suffirait de prendre des titres ici ou là sur ses dernières productions pour, enfin, avoir une grosse tuerie. Car, malgré tout mon engouement de l’an passé pour False Idols, je m’en suis un peu trop vite remis. Et, en fin de compte, Tricky reste un des plus grands artistes… des années 90 uniquement. Ce qui est déjà énorme. Ce n’est peut-être pas pour rien que l’on retrouve sur Adrian Thaws un sample qui rappellera à tous un certain « Unfinished sympathy » du Blue Lines de Massive Attack. À l’époque, Tricky était encore un satellite de la fameuse Wild Bunch. Notons la participation du New-yorkais Mikky Blanco sur « Lonnie listen ».